Les habitants de l'Extrême-Orient russe ont commencé à voter à la présidentielle qui doit reconduire Vladimir Poutine pour un nouveau mandat sans opposition. Les bureaux de vote ont ouvert à 8 h locales vendredi 15 mars (20 h GMT jeudi) sur la péninsule du Kamtchatka et en Tchoukotka, deux régions reculées situées à l'extrême Est de la Russie, et clôtureront dimanche à 20 h (18 h GMT) à Kaliningrad, enclave russe au sein de l'UE.
Décalage horaire oblige, les habitants de l'Extrême-Orient commencent à voter au moment où les habitants de la partie occidentale de ce pays aux onze fuseaux horaires s'apprêtent seulement à aller se coucher.
Le vote se tiendra sur trois jours, y compris dans les territoires occupés par la Russie en Ukraine ou encore en Transdniestrie, territoire séparatiste prorusse de Moldavie.
Des appels à voter contre Poutine
Peu avant le début du scrutin, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 24 ans, a enjoint à ses compatriotes de ne pas se "détourner du chemin" et de faire un vote "patriotique" en ces temps "difficiles".
Le chef de l'État sortant fera face à trois candidats sans envergure qui ne s'opposent ni à l'offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition et a culminé avec la mort en prison mi-février du principal opposant, Alexeï Navalny. Le seul opposant à avoir tenté de se présenter, Boris Nadejdine, a vu sa candidature rejetée.
La veuve d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a appelé les Russes à protester en allant voter pour n'importe lequel des candidats à l'exception de Poutine. Elle a aussi appelé les Russes soutenant l'opposition à se rendre dans les bureaux de vote au même moment, dimanche à 12 h, pour montrer qu'ils sont nombreux.
Cet appel a provoqué une mise en garde du Parquet de Moscou, qui a souligné jeudi que toute forme de protestation serait "punissable en vertu de la législation en vigueur".
La répression envers les voix critiques du Kremlin s'est nettement accélérée depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, les autorités ayant envoyé la plupart des opposants et des milliers d'autres Russes derrière les barreaux, et poussé de nombreux autres vers l'exil.
L'Ukraine multiplie les attaques à l'autre bout du pays
La victoire de Vladimir Poutine à ce scrutin, qui ne fait aucun doute, doit lui permettre de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2030. Grâce à une révision constitutionnelle de 2020, il pourra se représenter et rester jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.
Le scrutin a d'ores et déjà été critiqué par les États-Unis, qui ont dénoncé des "simulacres d'élections organisées dans les territoires ukrainiens occupés". La diplomatie ukrainienne a appelé à rejeter le résultat de ce vote, qu'elle qualifie de "farce".
Dans la ville de Marioupol, occupée par la Russie dans le Sud de l'Ukraine, les responsables électoraux ont ouvert jeudi des bureaux de vote improvisés sur de petites tables dans la rue et sur les capots des voitures.
L'Ukraine a de son côté accentué ces trois derniers jours la pression sur les régions russes frontalières en multipliant les attaques de drones et les incursions armées de volontaires russes pro-Ukraine. La garde nationale russe a dit jeudi en milieu de journée repousser avec l'armée et les gardes-frontières l'assaut d'un groupe de "saboteurs" près de la localité de Tiotkino, dans la région de Koursk, frontalière de l'Ukraine.
Avec AFP