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Violences des gangs en Haïti : l'état d'urgence prolongé, le port principal à l'arrêt
Alors que les bandes criminelles s'en prennent depuis plusieurs jours aux sites stratégiques d'Haïti, les autorités ont prolongé jeudi l'état d'urgence et le port de la capitale a suspendu ses activités. Pendant ce temps, le Premier ministre Ariel Henry, bloqué à Porto Rico, s'est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine.

La situation a continué de se détériorer jeudi 7 mars en Haïti, le port de la capitale se mettant à l'arrêt face à la recrudescence de la violence des gangs, qui a contraint les autorités de ce pays pauvre des Caraïbes à prolonger l'état d'urgence à Port-au-Prince.

Les bandes criminelles, qui contrôlent la majeure partie de la capitale ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent depuis plusieurs jours aux sites stratégiques du pays en l'absence du Premier ministre contesté Ariel Henry, dont ils réclament la démission tout comme une partie de la population. Celui-ci est, selon les dernières nouvelles, bloqué à Porto Rico.

Le pays, actuellement sans président ni parlement, n'a connu aucune élection depuis 2016, et Ariel Henry, nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat en 2021 aurait dû quitter ses fonctions début février.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est entretenu avec Ariel Henry du "besoin urgent d'accélérer la transition vers un gouvernement plus large et inclusif (...) qui ait l'ampleur nécessaire pour conduire le pays à travers une période électorale", a déclaré jeudi un haut responsable américain.

Les autorités haïtiennes ont publié jeudi un "arrêté instaurant l'état d'urgence sécuritaire sur toute l'étendue du département de l'Ouest", qui comprend la capitale, "pour une période d'un mois" et décrété un nouveau couvre-feu nocturne jusqu'à lundi.

Caribbean Port Services S.A., l'opérateur du port de la capitale, a annoncé le même jour suspendre son activité en raison des "troubles à l'ordre public", citant des "actes malicieux de sabotage et de vandalisme" subis depuis le 1er mars.

"Enfer pour nous tous"

Un premier état d'urgence, assorti d'un couvre-feu - difficilement applicable - avaient déjà été déclarés dimanche après l'attaque de prisons par des bandes armées qui s'était soldée par l'évasion de milliers de détenus.

Parmi les infrastructures stratégiques visées ces derniers jours par la violence des gangs, figurent également des tribunaux et des commissariats de police. Selon un comptage du Syndicat national de policiers haïtiens (Synapoha), depuis le début des attaques coordonnées des gangs, 10 bâtiments de la police ont été détruits et deux prisons civiles attaquées et vidées de leurs détenus.

Alors que les administrations et les écoles restent fermées, beaucoup d'habitants tentent de fuir les violences, leurs maigres effets sous le bras.

Nombre d'établissements de santé "sont fermés ou ont dû réduire drastiquement leurs opérations en raison d'une pénurie inquiétante de médicaments et de l'absence du personnel médical", a alerté le bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA), parlant d'un système de santé "proche de l'effondrement".

Un influent chef de gang, Jimmy Chérizier dit "Barbecue", a assuré mardi que si le Premier ministre Henry ne démissionnait pas et si la communauté internationale continuait de le soutenir, le pays d'environ 11 millions d'habitants allait "tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide".

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Le dirigeant n'est pas parvenu à rentrer en Haïti, empêché notamment par l'insécurité autour de l'aéroport international. Jeudi matin, Ariel Henry se trouvait toujours à Porto Rico, où il a atterri mardi, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police aux frontières de ce territoire américain des Caraïbes.

"Abandonnée"

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L'association Réseau National de Défense des Droits Humains en Haïti (RNDDH) a dénoncé l'inaction de l'État haïtien, l'accusant d'avoir "démissionné", dans un rapport daté de mercredi. "Les rues de la capitale et de tout le département de l'Ouest sont livrées aux bandits armés. Et la population haïtienne est tout simplement abandonnée à son sort", a-t-elle écrit.

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Pour lutter contre les gangs, le Conseil de sécurité de l'ONU a donné en octobre son accord pour l'envoi d'une mission sécuritaire multinationale menée par le Kenya, qui veut dépêcher 1 000 policiers. Mais son déploiement est retardé par la justice kényane et un manque criant de financements. Aucune date n'est avancée pour l'arrivée de la mission.

"Nous devons urgemment en faire plus" a plaidé jeudi le haut responsable américain Brian Nichols, déclarant que la crise en Haïti appelle "à une réponse internationale, de la même manière que la communauté internationale répond aux défis en Ukraine ou à Gaza".

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L'ONG Médecins Sans Frontières a publié jeudi une enquête sur la mortalité en Haïti depuis plus de 10 ans, révélant "des niveaux extrêmes de violence subie par les résidents du bidonville de Cité Soleil à Port-au-Prince", avec d'août 2022 à juillet 2023 "près de 41 % des décès liés à la violence et un taux brut de mortalité de 0,63 décès pour 10 000 personnes par jour".

"MSF avait déjà observé des taux de mortalité semblables en 2017, dans les camps de Raqqa", ville syrienne ancien fief du groupe État islamique, assure l'ONG, qui a annoncé mercredi renforcer sa présence à Port-au-Prince pour répondre à l'afflux de blessés.

Avec AFP