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L'Iran enregistre son taux de participation le plus faible pour les législatives
Les ultraconservateurs remportent sans surprise les législatives iraniennes et le vote pour l'Assemblée des experts, selon les résultats officiels publiés tardivement lundi. Le taux de participation est le plus faible jamais enregistré par la République islamique, après de nombreux appels au boycott et la disqualification de la plupart des candidats réformateurs.

L'Iran a battu son record de la plus faible participation à une élection. Le gouvernement iranien a annoncé, lundi 4 mars, que le taux de participation aux élections du Parlement et de l'Assemblée des experts de vendredi s'était élevé à 41 % des électeurs, contre 42,57 % aux législatives de 2020.

La participation a ainsi été la plus faible pour des législatives depuis le début de la Révolution islamique en 1979, sur fond d'appels à l'abstention lancés après la disqualification de nombreux candidats modérés ou réformateurs avant le scrutin.

Il a fallu plusieurs jours au pouvoir iranien pour annoncer les résultats officiels de participation sans explication. Le ministère de l'intérieur organise les élections iraniennes, qui ne font l'objet d'aucune observation internationale. 

Le double scrutin destiné à élire les 290 députés et les 88 membres de l'Assemblée des experts, chargée de désigner le guide suprême, a donc mobilisé quelque 25 millions des 61 millions d'électeurs, dans un pays de 85 millions d'habitants.

Les opposants en Iran et à l'étranger avaient appelé à un boycott, présentant toute participation comme un signe de compromis avec le système. La participation était donc le principal enjeu de ces élections, considérées comme un test pour le pouvoir car elles sont les premières depuis le vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays à la suite de la mort en septembre 2022 de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire du pays. 

Le taux de participation de vendredi a été obtenu après que les autorités ont maintenu les bureaux de vote ouverts pendant six heures supplémentaires. Le président du Parlement, Mohammad Bagher Qalibaf, a même publié un message en ligne, alors que les bureaux de vote semblaient largement vides à Téhéran, pour exhorter les gens à appeler "leurs amis ou leurs connaissances dès maintenant et à les convaincre de participer aux élections".

Le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, s'est tout de même félicité lundi que, "en dépit de la propagande puissante et sans précédent des ennemis et du recours à tous les outils pour dissuader les gens de voter, et malgré des problèmes économiques, le peuple a démontré une magnifique mobilisation". Il a également mis en cause des forces "néfastes, dont des services de renseignement et des groupes terroristes" d'avoir tenté de "saper la sécurité" des élections sans y parvenir. Il n'a pas donné de détails sur ces "ennemis".

Les ultraconservateurs l'emportent

Le nombre de députés réformateurs ou centristes devrait être inférieur à 45, selon les estimations de journaux modérés. La principale coalition de partis réformateurs, le Front des réformes, avait annoncé son refus de participer à ces "élections dénuées de sens" après la disqualification de nombre de ses candidats.

Le prochain Parlement sera donc très largement sous le contrôle des différentes formations conservatrices et ultraconservatrices qui défendent le gouvernement du président Ebrahim Raissi, élu en 2021. 

La majorité est partisane d'une ligne stricte sur les valeurs de la République islamique et de fermeté vis-à-vis des pays occidentaux, en particulier les tats-Unis et Israël, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec l'Iran.

Pour 45 des 290 sièges de l'assemblée, un second tour sera nécessaire et se tiendra en avril ou mai, les candidats n'ayant pas obtenu un nombre suffisant de suffrages.

L'Assemblée des experts, composée de 88 religieux, est également dominée par les conservateurs. Elle serait appelée à jouer un rôle de premier plan dans le processus de désignation du nouveau guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei étant âgé de 84 ans.

Avec AFP et AP