Nommé par la junte au poste de Premier ministre, Jean-Marie Doré aura pour tâche d'organiser les premières élections démocratiques de Guinée depuis le coup d'État de décembre 2008.
Signe encourageant de sortie de crise en Guinée : le général Sékouba Konaté, président du pays par intérim, et le chef de la junte au pouvoir, Moussa Dadis Camara, ont nommé Jean-Marie Doré au poste de Premier ministre, ce mardi.
Il s'agit de la première mesure concrète prise à la suite de la signature d’un accord prévoyant notamment une élection présidentielle "dans six mois", vendredi, sous l’égide du médiateur de la crise, le président burkinabè Blaise Compaoré.
L’homme qui aura la charge d’organiser ce scrutin et qui dirigera le gouvernement de transition jusqu'à cette échéance est le porte-parole des Forces vives (opposition, syndicats et société civile) et leader de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG), Jean-Marie Doré.
En apprenant sa nomination, ce dernier a déclaré : "J'ai l'impression que nous sommes tous décidés à sortir la Guinée de cette espèce de Moyen-Age qui a freiné les énergies, et à faire en sorte qu'elle soitn en fin de compte, dirigée dans le cadre d'un État constitutionnel."
Agé de 71 ans, Jean-Marie Doré avait été blessé lors de la répression menée par les "bérets rouges" contre des manifestants de l’opposition, le 28 septembre, au stade de Conakry.
Selon Idrissa Chérif, chargé de communication du président de transition, l'opposant a été choisi "non seulement pour son expérience, mais aussi pour sa connaissance de la politique guinéenne. Il va conduire un gouvernement de mission, qui aura notamment pour tâche de poursuivre la transition".
Interlocuteur de la junte
Jean-Marie Doré est une figure historique de l’opposition.
Au côté de son père, chef du canton de Manna, dans l’est de la Guinée, il a participé très jeune à la vie politique locale.
Diplômé en droit et docteur en sciences politiques, il a étudié en France puis en Suisse et occupé un poste de haut fonctionnaire au Bureau international du Travail, à Genève.
De retour en Guinée en 1988, il a créé son propre parti, l’UPG, sous la bannière duquel il a été candidat aux élections présidentielles de 1993 et de 1998, face à Lansana Conté. Battu à deux reprises, il est devenu l’une des principales figures de l’opposition guinéenne. Il occupait jusqu'à présent un poste de député, depuis 1995.
Après le coup d’État qui a porté au pouvoir le général Moussa Dadis Camara en décembre 2008, Jean-Marie Doré, alors porte-parole des Force vives, a assuré le contact avec le chef de la junte.
Originaire de la même province que le capitaine Camara, la Guinée forestière, il apparaît comme un homme de consensus, capable de concilier les positions des militants des Forces vives et celles des partisans de Moussa Dadis Camara.
Rabiatou Sérah Diallo vice-Premier ministre ?
Concernant les noms de ceux qui seront chargés de l'épauler dans sa tâche, la confusion règne encore.
Une source proche de la junte a confié à l’AFP que la leader syndicale Rabiatou Sérah Diallo aurait été nommée vice-Premier ministre. Selon cette même source, le numéro 2 de la junte, le général Mamadouba "Toto" Camara pourrait lui aussi occuper un poste de vice-Premier ministre, même si Idrissa Chérif affirme qu’il n’y en aurait aucun à pourvoir.
Jean-Marie Doré sera officiellement nommé Premier ministre par décret, après le retour à Conakry du président par intérim, qui était prévu ce mardi.