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Paris approuve le projet de tripler le tarif de stationnement des SUV à l'issue d'un scrutin boudé
Plus de 78 000 Parisiens se sont prononcés, dimanche, sur la proposition de la mairie visant à écarter des rues les grands SUV en relevant fortement les tarifs de stationnement pour ce type de véhicule. Mais moins de 6 % des électeurs de la capitale ont participé à cette votation.

Pour ou contre la hausse des tarifs de parking pour les voitures hautes et lourdes, dites SUV ? Les Parisiens ont approuvé, dimanche 4 février, un projet de triplement des tarifs de stationnement pour ces véhicules. 

Un peu plus de 78 000 des 1,3 million d'électeurs, soit 5,68 %, ont participé à cette votation qui crée un tarif spécifique pour le stationnement des "voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes". Sont spécifiquement ciblés les SUV (Sport Utility Vehicle), aux caractéristiques combinant "celles d'une voiture de tourisme avec celles d'un véhicule utilitaire", et les 4x4.

Selon la proposition de la maire socialiste Anne Hidalgo, l'utilisateur d'un véhicule thermique ou hybride rechargeable dépassant 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devra bientôt payer 18 euros l'heure de stationnement dans les arrondissements centraux de la capitale, 12 euros pour les arrondissements extérieurs. Les résidents se garant dans leur quartier et les professionnels, dont les taxis, ne seront pas concernés.

Un vote sans entrain

La délibération sera présentée en mai pour application au 1er septembre, a indiqué Anne Hidalgo à l'annonce des résultats à l'Hôtel de ville. La maire a salué un "choix clair des Parisiens" en faveur d'une mesure "bonne pour notre santé et bonne pour la planète".

En avril 2023, quelque 103 000 personnes, soit 7,46 % des inscrits, s'étaient prononcées pour l'éviction des trottinettes en libre-service dans la capitale, pour la première votation du genre.

Cette fois-ci, c'est "un petit peu moins" de participation "que pour les trottinettes", mais c'est un "très bon résultat", a commenté Anne Hidalgo, anticipant d'autres votations pour "trancher des questions qui relèvent de nos vies quotidiennes".

Interrogé sur l'importance des bulletins "contre" la mesure, son adjoint EELV aux Mobilités David Belliard a estimé que l'écart était "significatif" alors que la votation portait sur une "question compliquée, a priori peu populaire".

Dans un communiqué, le groupe d'opposition LR et apparentés a jugé que la votation s'était déroulée "dans l'indifférence générale".

"Cette participation très faible conjuguée à des résultats serrés, sur une mesure revendiquée comme emblématique par Anne Hidalgo et son équipe, constituent un véritable désaveu pour la maire de Paris", affirme l'opposition de droite.

Des résultats sans surprise

Dans la capitale qui a déjà notamment piétonnisé les quais de Seine et végétalisé 200 rues en y supprimant le trafic, Anne Hidalgo a justifié la votation par la lutte contre la pollution, un meilleur partage de l'espace public et la "sécurité routière", les accidents impliquant un SUV étant, selon la mairie, "deux fois plus mortels pour les piétons qu'avec une voiture standard".

Les résultats par arrondissement épousent de fait la carte politique : l'opposition au tarif spécial l'emporte dans ceux dirigés par la droite, tandis que le "pour" est majoritaire dans ceux dirigés par la gauche ou Horizons.

Ainsi dans le 10e arrondissement, dirigé par le PS, près de 77 % des votants ont validé la proposition. "Pour des raisons écologiques", a résumé pour l'AFP Caroline, enseignante de 51 ans.

"Ça pollue et ça gêne la circulation des vélos", a abondé Jérôme, 59 ans, casque de vélo à la main.

À la mairie du très chic 8e arrondissement, où les SUV sont bien représentés parmi les voitures garées alentour, on était majoritairement "contre".

Propriétaire d'un SUV parce que sinon, "avec deux enfants, pour partir en vacances, c'est compliqué", Stéphanie, 40 ans, en fait partie. "Si c'est pour avoir une ville sans voiture et sans rue, faut partir à la campagne !", lâche son mari.

"Être en vignette Crit'air 1 (véhicule peu polluant) ou en hybride et devoir payer des tarifs à plus de 135 euros pour une demi-journée, c'est complètement délirant !", s'est insurgé Charles Frassaint, 34 ans, consultant en finance qui a voté dans le 15e.

Une surtaxation qui viserait "près 10 % du parc"

L'ONG WWF qualifie les SUV d'"aberration" face au réchauffement climatique : ceux-ci sont "200 kilos plus lourds, 25 cm plus longs, 10 cm plus larges" qu'une voiture standard. Et nécessitent davantage de matériaux pour leur fabrication, consomment 15 % de carburant et émettent 20 % de CO2 de plus qu'une berline.

Sans surprise, les associations d'automobilistes ont fustigé l'initiative de la mairie, rappelant que SUV est une "appellation marketing" qui "ne veut rien dire", selon Yves Carra, porte-parole du Mobilité Club France.

Pour l'opposition de droite, cela "démontre l'étendue de la manipulation de la Ville, qui cible les SUV dans sa communication alors qu'en réalité, tout type de véhicule est susceptible d'être concerné par les normes soumises au vote".

"Ça s'inscrit dans une forme d'écologie punitive", même s'il faut "aller vers des véhicules plus légers", a déclaré sur RTL Christophe Béchu, le ministre français de la Transition écologique.

Selon la mairie, la surtaxation concernerait "à peu près 10 % du parc" et pourrait rapporter environ 35 millions d'euros de recettes supplémentaires.

Avec AFP