
Le Tribunal suprême électoral du Guatemala a affirmé, vendredi 8 décembre, que les résultats de l'élection présidentielle remportée par Bernardo Arévalo "sont officiels et inaltérables", après l'annonce du parquet estimant que les élections devaient être annulées en raison d'irrégularités présumées lors du premier tour.
Le parquet du Guatemala avait plus tôt considéré "nulle et non avenue" l'élection présidentielle remportée en août par Bernardo Arévalo, provoquant l'ire de l'Organisation des États américains (OEA) qui a immédiatement dénoncé une "tentative de coup d'État".
"Les résultats sont validés, officiels et inaltérables", les élus "doivent prendre leurs fonctions" en janvier prochain "sinon il y a rupture de l'ordre constitutionnel", a déclaré la présidente du TSE, Blanca Alfaro, lors d'une conférence de presse.
La présidente du TSE a répondu ainsi à la procureure, Leonor Morales, qui avait affirmé que les enquêtes du parquet ont montré qu'il y avait eu "des anomalies dans la rédaction du procès-verbal de clôture du décompte des voix" et que, par conséquent, "les élections du président, du vice-président, des députés (...) sont nulles et non avenues de plein droit".
Selon elle, les procès-verbaux n'avaient pas été approuvés "par la plénière" du TSE, et n'auraient donc pas dû être utilisés pour enregistrer les résultats.
"Préserver la démocratie au Guatemala"
Le chef du bureau du procureur contre l'impunité, Rafael Curruchiche, présent aux côtés de Leonor Morales, avait dit son intention de "présenter cette information criminelle au Tribunal suprême électoral pour qu'il l'analyse dans les prochains jours" et que ce sera à lui de prendre "la décision en la matière".
Malgré l'affirmation de Rafael Curruchiche, selon laquelle toutes "les informations qui ont été enregistrées dans l'acte de clôture et les scrutins dans tous les bureaux de vote devraient être annulés", la réponse du TSE ne s'est pas faite attendre.
Elle répond à la demande du secrétariat général de l'OEA, appelant "le président Alejandro Giammattei, la Cour constitutionnelle, la Cour suprême de justice, et le Congrès" au Guatemala à "défendre les institutions et l'ordre constitutionnel du pays en agissant contre les auteurs de cette attaque, afin de préserver la démocratie au Guatemala".
Le secrétariat de l'organisation établie à Washington et qui compte 35 États membres avait jugé que "les actes et les déclarations des procureurs Rafael Curruchiche et Leonor Morales constituent une révision de l'ordre constitutionnel du pays, une infraction à l'État de droit, et une violation des droits humains de la population de leur pays".
"La tentative d'invalider les élections générales de cette année constitue la pire forme de délitement démocratique et la consolidation d'une fraude politique contre la volonté du peuple", a ajouté l'OEA.
Nombreuses manœuvres judiciaires
En conférence de presse, Bernardo Arévalo a de nouveau dénoncé un "coup d'État absurde, ridicule et pervers", exhortant les Guatémaltèques à "défendre énergiquement" la "possibilité de construire un autre pays".
Par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell, l'Union européenne a condamné "de manière univoque les tentatives" d'annuler l'élection présidentielle "en se basant sur de fausses accusations de fraude".
Les soupçons d'irrégularités constituent, selon les partisans de Bernardo Arévalo, une nouvelle tentative du bureau du procureur dirigé par la procureure générale Consuelo Porras (placée sur une liste d'acteurs corrompus par les États-Unis), d'empêcher l'investiture le 14 janvier du président élu.
Bernardo Arévalo a remporté à la surprise générale la présidentielle sur un programme de lutte contre la corruption.
Mi-novembre, le bureau du procureur a effectué une demande de levée de son immunité et de sa vice-présidente élue Karin Herrera pour une affaire d'occupation d'université publique de mai 2022 à juin 2023. D'autres manœuvres judiciaires ont permis la suspension de son parti politique.
Les États-Unis, l'Union européenne, l'ONU et l'OEA ont à plusieurs reprises vivement critiqué les actions du ministère public contre le président élu.
Avec AFP