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La famille d'Alexeï Navalny réclame sa dépouille, Moscou garde le silence
Les proches d'Alexeï Navalny ont exigé samedi que sa dépouille leur soit remise "immédiatement", après que la mère de l'opposant russe mort la veille a reçu un avis de décès officiel, a fait savoir une porte-parole. De leurs côtés, les enquêteurs russes ont affirmé à un avocat de l'opposant que la cause de son décès n'a pas encore été établie.

Où est le corps d'Alexeï Navalny ? Les proches de l'opposant russe ont demandé samedi 17 février à ce que sa dépouille leur soit remise "immédiatement", les autorités se murant dans le silence sur sa mort, sauf pour rejeter les accusations de l'Occident, qui juge le président Vladimir Poutine responsable de ce décès.

"Un employé de la colonie (pénitentiaire) a déclaré que le corps d'Alexeï Navalny se trouvait à Salekhard", ville de la région où se situait sa prison, et avait été emporté par des "enquêteurs" pour analyse, a indiqué la porte-parole de l'opposant, Kira Iarmich.

"Nous demandons à ce que le corps d'Alexeï Navalny soit immédiatement remis à sa famille", a-t-elle ajouté. 

"Alexeï Navalny a été tué", selon sa porte-parole

La porte-parole a indiqué dans une vidéo en ligne que la mère de l'opposant, Lioudmila Navalnaïa, s'était rendue samedi, avec un avocat, dans la colonie pénitentiaire IK-3 dans la région arctique de Iamal et qu'un "document officiel" lui avait été remis confirmant le décès. 

"Alexeï Navalny a été tué", a indiqué Kira Iarmich qui s'est exilée, comme foule d'opposants, pour échapper à la prison. "Sa mort est intervenue le 16 février à 14 h 17 locales (9 h 17 GMT), selon le document officiel remis à la mère d'Alexeï", a-t-elle ajouté.

Selon elle, la mère du défunt et l'avocat sont arrivés dans la prison à 11 h 00 samedi (6 h GMT), mais ont dû attendre deux heures avant d'être reçus.

Un avocat de l'opposant, qui est allé voir les enquêteurs, "a été informé que 'la cause du décès d'Alexeï n'a pas été déterminée, qu'un nouvel examen histologique a été effectué'", a par ailleurs écrit Kira Iarmich sur X. "Les résultats devraient être connus la semaine prochaine. Il est évident qu'ils mentent et font tout leur possible pour ne pas avoir à remettre le corps", a-t-elle ajouté.

Pas un mot de Vladimir Poutine

Les autorités carcérales russes avaient annoncé vendredi, par un communiqué lapidaire, que le célèbre militant, emprisonné depuis trois ans, était mort dans la colonie pénitentiaire où il purgeait une peine de 19 ans de détention.

L'homme de 47 ans, à la santé fragilisée par un empoisonnement et son emprisonnement, se serait "senti mal après une promenade" et aurait "perdu connaissance", ont-elles expliqué. Elles ont assuré que tout avait été fait pour le réanimer et que les causes du décès étaient "en train d'être établies".

Aucun détail n'a filtré depuis, et Vladimir Poutine n'a pas dit un mot sur la disparition de cette personnalité politique majeure, un décès qui intervient en outre à un mois de la présidentielle des 15-17 mars qui doit voir le maître du Kremlin reconduit, en l'absence de toute opposition, celle-ci ayant été décimée par la répression, en particulier depuis le début de l'assaut russe contre l'Ukraine il y a deux ans.

Les pays occidentaux, eux, ont dénoncé d'une même voix la "responsabilité" du régime russe.

Le président américain Joe Biden, "scandalisé", a accusé son homologue russe d'être "responsable". Un message martelé par tous les dirigeants occidentaux.

Autant d'accusations que le Kremlin a jugées vendredi "absolument inacceptables". Mais Vladimir Poutine reste lui silencieux, bien qu'il ait été informé.

"N'abandonnez pas"

Alliée du Kremlin, le ministère chinois des Affaires étrangères, en revanche, n'a pas souhaité commenter cette "affaire interne à la Russie".

Si les autorités russes sont silencieuses sur les circonstances de la mort de l'opposant et que les médias d'État n'évoquent qu'à peine son décès, elles ont en revanche mis en garde la population contre toute manifestation.

Malgré des arrestations, comme vendredi soir, des Russes défilaient samedi en petit nombre dans plusieurs villes pour déposer des fleurs notamment sur des monuments à la mémoire des dissidents victimes des répressions politiques à l'époque soviétique.

Au total, au moins 212 personnes ont été interpellées lors de rassemblements dans plus d'une douzaine de villes, a annoncé samedi l'ONG spécialisée OVD-Info.

Samedi à la mi-journée, une quinzaine de Moscovites ont été arrêtés par la police lors d'un rassemblement au pied d'un monument à la mémoire des répressions soviétiques, a indiqué le média indépendant russe Sota.

Les agences d'État russe n'ont pas couvert ces rassemblements, se contentant de rapporter certaines des réactions officielles à la mort d'Alexeï Navalny.

De l'Europe aux États-Unis, des centaines de personnes se sont également rassemblées vendredi soir pour rendre hommage à l'opposant politique, comme à Varsovie où des manifestants, majoritairement jeunes et pour beaucoup bouleversés, ont scandé "Poutine, assassin".

Avec AFP