Un simple e-mail et un accès immédiatement révoqué… C'est ainsi que depuis plus d'un an, des milliers d'employés de la Silicon Valley ont appris leur licenciement. Dans la baie de San Francisco, aux États-Unis, les géants de la tech, plombés par une inflation galopante et des recrutements trop ambitieux lors de la pandémie, font face à l'une des plus graves crises de leur histoire. Une crise doublée, il y a quelques mois, d'une panique bancaire, lorsque la Silicon Valley Bank a fait faillite, avant d'être sauvée in extremis. Mais le secteur – connu pour sa résilience – refuse de céder au défaitisme.
La Silicon Valley est un nom qui résonne dans le monde entier comme le temple de l'innovation et des nouvelles technologies. De fait, la baie de San Francisco, dans le nord de la Californie, est devenue en quelques décennies le cœur d'un écosystème unique au monde, qui regroupe start-up et géants de la tech, valorisés à plusieurs milliards de dollars. Tout est parti de l'Université de Stanford, où de jeunes ingénieurs, Hewlett et Packard, sont poussés par leurs professeurs à innover et à lancer leurs entreprises. HP sera la première d’une longue série : Apple, Google, Cisco, Intel ou encore Meta ont toutes été fondées dans la fameuse Silicon Valley.
Mais à l'automne 2022, le vent tourne et les nuages s'amoncellent au-dessus de l’eldorado de la tech. Les licenciements s’enchaînent : 12 000 chez Alphabet (Google), 11 000 chez Meta (Facebook, Instagram), 10 000 pour Microsoft, 18 000 pour Amazon, 8 000 chez Salesforce, 4 000 chez Cisco, 3 700 à Twitter... Les annonces donnent le vertige. Au point que certains prédisent le début de la fin de la Silicon Valley.
Quelques mois plus tard, la panique gagne aussi le monde de la finance. La Silicon Valley Bank – institution de référence pour les start-ups – fait faillite, avant d'être sauvée in extremis par le gouvernement fédéral, qui met sur la table 25 milliards de dollars pour éviter la contagion au reste du secteur bancaire. La catastrophe est évitée de justesse, mais le doute persiste. Qu'est-ce qui pourrait faire rebondir le secteur, en plein doute ?
La réponse arrive à la fin de l'année 2022, et elle tient en deux lettres : IA. L'intelligence artificielle – dont le secteur parle depuis bien longtemps – devient en quelques semaines un sérieux levier d'innovation, avec le lancement de ChatGPT. Et il envahit tous les domaines liés aux nouvelles technologies. Dans les allées du salon TechCrunch Disrupt, à San Francisco, investisseurs et entrepreneurs ne parlent que de cela. Et les licenciés de ces derniers mois réinventent déjà leur avenir.
Pourtant, la Silicon Valley a aussi son lot de laissés-pour-compte : avec l'explosion des prix de l'immobilier, la classe moyenne – professeurs, restaurateurs, caissiers... – n'arrive plus à se loger, malgré des salaires élevés. Une crise du logement qui pousse la Silicon Valley à s'étendre toujours plus loin, avec des projets toujours plus fous, comme celui baptisé "California Forever", une nouvelle ville créée de toute pièce qui pourrait un jour accueillir 50 000 habitants. Car la vallée de la tech continue plus que jamais de regarder vers l’avenir.