La France a condamné jeudi "avec fermeté" le rôle d'un réseau russe dans la diffusion de photos de tags représentant des étoiles de David à Paris. Les autorités françaises ont indiqué que ce réseau avait artificiellement augmenté la visibilité de ces images sur les réseaux sociaux, identifiant près de 2 500 publications liées à ces tags.
La découverte des tags avait suscité une indignation générale en France la semaine dernière. Paris a condamné, jeudi 9 novembre, "avec fermeté" le rôle d'un réseau russe dans "l'amplification artificielle et la primo-diffusion sur les réseaux sociaux des photos des tags représentant des étoiles de David" à Paris, selon le ministère des Affaires étrangères.
Le communiqué accuse le réseau russe Recent Reliable News (RRN) et considère que "cette nouvelle opération d'ingérence numérique russe contre la France témoigne de la persistance d'une stratégie opportuniste et irresponsable visant à exploiter les crises internationales pour semer la confusion et à créer des tensions".
#Russie | Sur la base des investigations de @Viginum_Gouv, la France condamne fermement l’implication du réseau russe Recent Reliable News (#RRN/#Doppelgänger) dans l’amplification artificielle et la primo-diffusion sur les réseaux sociaux des photos des tags d’étoiles de David à… pic.twitter.com/pEKI94jpyn
— France Diplomatie🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) November 9, 2023Possible commanditaire étranger
Plusieurs dizaines d'étoiles de David bleues apposées au pochoir ont été découvertes le 31 octobre, sur des façades d'immeubles du XIVe arrondissement parisien et dans d'autres endroits de Paris et en banlieue.
Un juge d'instruction a été désigné mardi pour identifier les auteurs des tags et comprendre leurs intentions, la piste d'une commande venue de l'étranger n'étant "pas exclue" à ce stade, selon un communiqué de la justice française, qui a estimé que ce marquage pouvait avoir "été réalisé à la demande expresse d'une personne demeurant à l'étranger".
L'homme et la femme soupçonnés des tags ont quitté la France dès le 31 octobre après-midi, selon le parquet.
Les investigations ont néanmoins permis de rapprocher ces faits d'une autre enquête, portant sur des faits commis quatre jours auparavant : le 27 octobre, un homme et une femme nés en Moldavie ont été interpellés dans le 10e arrondissement de Paris.
Un riverain les avait vus taguer une étoile bleue au pochoir, effacée le jour même. Ils avaient déclaré avoir agi sur la commande d'un tiers et contre rémunération, ce qu'attestait une conversation en russe dans leur téléphone, selon la justice française.
"S'agissant des faits eux-mêmes, l'enquête judiciaire en cours devra établir la possible responsabilité d'un commanditaire étranger", a relevé le ministère jeudi.
Près de 2 500 publications liées à ces tags
Mais Viginum, organe français qui surveille les ingérences étrangères, a détecté "l'implication d'un réseau de 1 095 bots sur la plateforme X" (ex-Twitter) ayant publié 2 589 posts liés à ces tags, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, "alors que la première publication authentique des photos des tags semble être intervenue le 30 octobre (...), Viginum a identifié les premières publications du réseau de bots RRN dès le 28 octobre (...) soit près de 48 heures avant".
Ces tags ont provoqué une très vive émotion en France, sur fond d'augmentation majeure des actes antisémites depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Jeudi, avant la publication de ce communiqué de la France, la diplomatie russe a nié tout lien avec les tags, estimant que les soupçons visant Moscou, déjà relayés dans la presse française ces derniers jours, étaient "stupides" et "indignes".
Avec AFP