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En France, la justice autorise un colloque et une manifestation de l'Action française

Un colloque, organisé samedi à Paris, par le mouvement royaliste Action française a finalement eu lieu, la justice ayant suspendu l'interdiction prononcée la veille par la préfecture de police. En début de soirée, le tribunal administratif a également autorisé la tenue d'une manifestation en hommage à Jeanne d'Arc dimanche matin dans la capitale.

Le mouvement royaliste Action française a pu tenir son colloque, samedi 13 mai, à Paris, et pourra manifester dimanche pour célébrer Jeanne d'Arc, la justice ayant suspendu l'interdiction prononcée par la préfecture de police après une instruction du ministère de l'Intérieur visant plusieurs rassemblements d'extrême droite.

Le tribunal administratif de Paris a par contre rejeté le recours d'un autre groupuscule classé à l'extrême droite, Les Nationalistes d'Yvan Benedetti, qui voulait aussi manifester dimanche.

Plus tôt dans la journée, la même juridiction avait donné raison à l'Action française, en suspendant l'arrêté du préfet de police de Paris, Laurent Nunez, qui avait interdit le colloque du mouvement royaliste. 

Environ 350 personnes, dont quelques individus masqués et habillés en noir, ont assisté au colloque, intitulé "La France en danger", sous haute surveillance policière dans le XIIe arrondissement de Paris, a constaté une journaliste de l'AFP.

En début de soirée, le tribunal administratif a également autorisé la tenue d'une manifestation de l'Action française en hommage à Jeanne d'Arc dimanche matin à Paris. Le tribunal souligne notamment que la manifestation "ne constitue pas une incitation à provoquer des troubles à l'ordre public, même en tenant compte du contexte de tensions sociales actuelles" et qu'elle est "organisée depuis plusieurs décennies". Ainsi, conclut le tribunal administratif, "l'arrêté attaqué porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester".

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À l'inverse, en ce qui concerne le rassemblement des Nationalistes d'Yvan Benedetti, le tribunal administratif a jugé "comme suffisamment établie l'existence d'un risque de propos ou de gestes incitant à toute forme de haine notamment raciale".

De ce fait, l'interdiction de la manifestation "constitue, en l'espèce, la seule mesure de nature à préserver l'ordre public", ajoute le tribunal.

Le préfet Nunez s'est "félicité" de cette décision. "Ce jugement ouvre la voie à de futures interdictions d'événements ou manifestations qui seraient organisés par des groupuscules d'ultradroite du seul fait des propos régulièrement tenus par ceux-ci", a-t-il assuré.

Un "contexte particulièrement tendu"

Il avait publié plusieurs arrêtés vendredi, conformément à une circulaire du ministre de l'Intérieurn Gérald Darmaninn visant à interdire tout rassemblement "de l'ultradroite ou de l'extrême droite", après la polémique suscitée par la manifestation, à Paris, le 6 mai, de militants d'ultradroite.

L'Action française et Les Nationalistes avaient saisi la justice administrative d'un référé-liberté, une procédure d'urgence lorsque le requérant estime être en présence d'une "atteinte grave et manifestement illégale" à une liberté fondamentale de la part d'un service de l'État.

La préfecture de police avait interdit au total six rassemblements prévus ce week-end à Paris, dont cinq à l'appel de mouvements classés à l'extrême droite, faisant notamment valoir un risque de troubles à l'ordre public. Parmi eux : une manifestation de Gilets jaunes, qui se sont, malgré tout, rassemblés. Une "dispersion" a eu lieu et 62 personnes ont été verbalisées pour participation à une manifestation interdite, a indiqué la préfecture de police de Paris.

Dans les arrêtés pris vendredi, le préfet de police avait justifié l'interdiction notamment par le fait que les rassemblements s'inscrivent dans un "contexte particulièrement tendu" après "la polémique suscitée par la manifestation organisée par le Comité du 9-Mai" samedi dernier à Paris.

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Ces militants, habillés de noir et souvent masqués, ont exhibé des drapeaux noirs marqués de la croix celtique. Ils manifestaient pour commémorer le 29e anniversaire de la mort d'un militant d'extrême droite, Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement en 1994.

Le préfet de police pointait aussi le "risque de troubles à l'ordre public", alors que plusieurs de ces manifestations ont suscité des appels à des contre-rassemblements et de possibles violences de la "mouvance antifasciste" qui pourrait "tenter de s'en prendre physiquement" aux militants d'ultradroite.

La décision de Gérald Darmanin avait entraîné, elle aussi, une polémique, beaucoup la jugeant juridiquement fragile.

Interrogé mercredi par l'AFP, le professeur de droit public Serge Slama avait ainsi estimé qu'une telle mesure ne pouvait être prise "de manière générale et absolue". Des "éléments objectifs, pour étayer le risque de trouble à l'ordre public" doivent être produits au "cas par cas", avait-il expliqué.

Avec AFP