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Le Sénat a entamé samedi l'examen d'une des mesures les plus sensibles du projet de réforme de retraites, sur la fin de plusieurs régimes spéciaux, une suppression combattue par la gauche. Alors que la grève du 7 mars est dans tous les esprits, le bras de fer social se tend déjà avec une grève reconductible qui a déjà débuté dans la filière énergie.
Les débats sur la réforme des retraites ont repris samedi 4 mars au Sénat, après s'être enlisés vendredi. Le week-end démarre sur l'examen d'une des mesures les plus sensibles du projet de réforme de retraites : la fin de plusieurs régimes spéciaux, une suppression combattue par la gauche.
Le mouvement chez les électriciens et gaziers a démarré vendredi avec des baisses de production d'électricité dans plusieurs centrales nucléaires pour protester contre "le débat qui s'ouvre au Sénat" sur les régimes spéciaux, a annoncé la CGT.
Ces baisses de production, très encadrées par le gestionnaire du réseau de lignes à haute et très haute tension RTE, n'entraînent généralement pas de coupures pour les clients.
Dans l'hémicycle, vendredi, après le rejet dans la matinée d'une demande de référendum portée par la gauche, les sénateurs ont débuté par l'article liminaire sur les prévisions de déficit, voté seulement en soirée après de nombreuses interventions de la gauche, radicalement opposée au passage de l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans.
"Nous ne prendrons pas la mauvaise potion que vous voulez nous donner", a prévenu la socialiste Laurence Rossignol : cette réforme, c'est "9 volumes de vinaigre pour un volume de glucose, même pas de sirop".
La droite accusée de "passivité" par la gauche
Les débats ont jusqu'ici été très sereins, voire ternes, mais l'hémicycle s'est animé en soirée quand Bruno Sido (Les Républicains) a pris la parole pour faire un parallèle entre les dizaines d'amendements identiques défendus par la gauche et "l'impression que le peuple français retient de l'Assemblée nationale", évoquant une "obstruction cordiale".
La gauche a elle reproché à la droite sa "passivité", d'avoir "le bâillon Retailleau sur la bouche", a dit Yan Chantrel. "Faites comme M. Pradié", a lancé le sénateur PS à ses collègues LR.
La séance de nuit a été suspendue après le vote de l'article liminaire et les débats reprennent samedi matin, avec l'article premier prévoyant la fin progressive des régimes spéciaux de la RATP, des industries électriques et gazières, de la Banque de France ou des clercs et employés de notaire.
La gauche s'oppose à leur suppression et a déposé quelque 350 amendements sur cet article premier.
Et, tandis que le projet du gouvernement prévoit leur disparition seulement pour les futurs embauchés, le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, souhaite, lui, qu'ils soient aussi supprimés pour les salariés actuels.
Il a déposé un amendement en ce sens, qui ne sera toutefois pas examiné avant le débat sur l'article 7 de la réforme : la mesure-phare reportant l'âge légal de départ.
"Mon amendement propose une convergence (entre les régimes, NDLR) jusqu'en 2040, il n'y a rien de brutal alors que pour tous les Français, à partir du 1er septembre, la réforme commencera progressivement à s'appliquer", argumente-t-il.
"La France à l’arrêt" le 7 mars
Le gouvernement est contre et l'amendement Retailleau pourrait être rejeté, faute de soutien des centristes.
Le Sénat a jusqu'au 12 mars à minuit pour tenter d'achever la première lecture des 20 articles du texte et les près de 4 000 amendements.
Avec dans toutes les têtes le 7 mars, grande journée de mobilisation contre la réforme, durant laquelle l'intersyndicale appelle à mettre "la France à l'arrêt".
De source policière, les services de renseignement attendent entre 1,1 et 1,4 million de manifestants en France mardi dont 60 000 à 90 000 à Paris. Dans la capitale, le cortège défilera de Sèvres-Babylone à place d'Italie. Au total, 320 rassemblements sont prévus dans toute la France, d'après une autre source policière.
Signe des importantes perturbations à prévoir le 7 mars, le ministre des Transports Clément Beaune a appelé vendredi tous les Français qui le peuvent à télétravailler. L'opérateur des transports franciliens Ile-de-France Mobilités a annoncé offrir le covoiturage aux passagers inscrits sur certaines plateformes.
À la veille de cette grève, la Première ministre Élisabeth Borne interviendra sur France 5 dans l'émission "C à vous".
Avec AFP