
L'Australie et la Nouvelle-Zélande, co-organisateurs de la Coupe du monde de football féminin 2023, réclament des explications à la Fifa concernant le sponsoring de l'Arabie saoudite, un pays affichant un bilan contestable en matière de droits des femmes.
Les pays hôtes de la Coupe du monde féminine 2023, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ont réclamé jeudi 2 février une réunion urgente à la Fifa concernant la présence de l'office de tourisme d'Arabie saoudite parmi les parrains de la compétition.
C'est un article publié mardi dans le Guardian qui a mis le feu aux poudres entre les co-organisateurs et la Fifa. Selon le quotidien britannique, Visit Saudi va officialiser dans les prochains jours son sponsoring de la compétition malgré le très mauvais bilan du royaume en matière de droits des femmes.
"Choqués et déçus"
Les responsables de Fédérations australiennes et néo-zélandaises de football ont déclaré qu'ils n'avaient pas été informés de l'accord prévu et "ont écrit conjointement à la FIFA pour clarifier de toute urgence la situation".
Dans une déclaration, Football Australia s'est dit "très déçu" de ne pas avoir été "consulté sur cette question avant que la décision ne soit prise".
Ses homologues de Nouvelle-Zélande se sont dits "choqués et déçus" que la FIFA ne les ait pas consultés.
Ce projet de contrat de sponsoring a suscité de vives critiques : l'ancienne internationale australienne Kathryn Gill a ainsi affirmé que la FIFA était "tenue de respecter tous les droits de l'homme internationalement reconnus et d'exercer son influence considérable lorsqu'ils ne sont pas respectés ou protégés".
"L'objectif des joueuses est de faire de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023 une véritable force du bien et elles continueront à demander des comptes à la FIFA lorsqu'elle y portera atteinte", a ajouté Kathryn Gill, co-présidente du syndicat des footballeurs professionnels australiens.
Nikita White, chargée de campagne pour l'Australie à Amnesty International, s'est demandé comment l'organisme saoudien chargé du tourisme pouvait parrainer une Coupe du monde de football féminin alors qu'"en Arabie saoudite, une femme ne peut même pas travailler sans l'autorisation de son tuteur masculin".
Elle a également souligné le "bilan épouvantable de l'Arabie saoudite en matière de violations des droits de l'homme".
"Le parrainage de la Coupe du monde de football féminin par les autorités saoudiennes serait un cas d'école de blanchiment sportif", a-t-elle assuré.
Une offensive diplomatique via le sport
Après que le Qatar, voisin du Golfe, a accueilli la Coupe du monde masculine de la FIFA l'année dernière, l'Arabie saoudite dépense également beaucoup dans le domaine du football afin d'améliorer son image, à l'image du recrutement à prix d'or de la superstar portugaise Cristiano Ronaldo par le club d'Al-Nassr.
Mercredi, le pays a été confirmé comme hôte de la Coupe d'Asie 2027 et réfléchit à une candidature commune avec l'Égypte et la Grèce pour accueillir la Coupe du monde masculine 2030.
Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a indiqué qu'il s'attendait à ce que deux milliards de téléspectateurs suivent la neuvième édition de la Coupe du monde féminine. L'instance dirigeante du football mondial espère que cela permettra de développer le football féminin, le tournoi étant pour la première fois partagé entre deux nations.