Les enquêteurs tentaient lundi de déterminer le mobile du massacre perpétré ce week-end dans un dancing de Californie par un homme qui s'est donné la mort une fois cerné par la police. Le suspect était un habitué de l'établissement, et il pourrait avoir agi par jalousie.
Les enquêteurs qui tentent de percer le mystère entourant le meurtre de 11 personnes par un septuagénaire d'origine asiatique dans un dancing de Californie ce week-end examinaient en début de semaine les pistes de la jalousie ou d'une dispute.
Le suspect, Huu Can Tran, 72 ans, est entré samedi soir dans le Star Ballroom Dance Studio de Monterey Park armé d'un pistolet semi-automatique avec lequel il a tué 11 hommes et femmes, tous plus que cinquantenaires. Après le carnage, qui a aussi fait 9 blessés, le tireur a tenté de poursuivre sa meurtrière soirée dans un autre dancing non loin de là, mais y a été désarmé avant de prendre la fuite et de se suicider dans son van, une fois cerné par la police.
Les enquêteurs examinaient en priorité lundi le lien entre le tueur et les deux salles de danse, en particulier les relations qu'il y entretenait, a indiqué le Los Angeles Times, citant des sources policières.
Un habitant de Monterey Park, Chester Hong, avait confié à l'AFP qu'une dispute domestique à propos d'une invitation à une fête pour le Nouvel An lunaire pourrait avoir été à l'origine de la tragédie. "L'épouse a été invitée à la fête mais le mari ne pouvait pas être invité", a-t-il dit dimanche. "Et le mari a pu être en colère et jaloux."
"Un type sans histoire"
Beaucoup d'habitants restaient lundi incrédules qu'un tel acte ait pu avoir lieu au sein de cette ville de 60 000 âmes près de Los Angeles, à majorité asiatique, réputée pour sa tranquillité.
Huu Can Tran avait émigré aux États-Unis depuis la Chine, a raconté à CNN son ex-épouse, rencontrée deux décennies plus tôt dans ce même Star Ballroom Dance Studio. Le couple s'était vite marié, mais l'union n'avait pas duré. Il n'était pas violent, selon elle, mais il lui arrivait de perdre patience s'il se sentait humilié, si elle ratait un pas de danse par exemple.
Selon un ancien ami, aussi interrogé par la chaîne américaine, le tueur fréquentait assidûment le dancing, où il était pourtant "hostile envers beaucoup de gens", qu'il accusait de dire "des choses méchantes à son propos".
Son mobil-home à Hemet, près de 140 km à l'est de Los Angeles, a été perquisitionné dimanche, selon la presse. Pour un voisin interrogé par une télévision locale, "c'était juste un type sans histoire".
"Je savais que j'allais mourir"
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, sur place lundi, a pointé du doigt la prolifération des armes à feu, fustigeant que rien ne soit fait pour y remédier. "C'est une honte", a cinglé le démocrate. "On devrait faire mieux que ça, on devrait montrer la voie au monde, pas simplement répondre à ces innombrables crises et exprimer, encore et encore et encore, ces fichues prières et condoléances."
Lundi, la Californie a une nouvelle fois été endeuillée. Sept personnes ont été tuées près de San Francisco lors de deux fusillades qui semblent avoir été perpétrées par un même individu, ont indiqué des chaînes locales, les autorités indiquant qu'un suspect a été interpellé.
Parmi les victimes identifiées de la tuerie de samedi figure My Nhan, une femme de 65 ans. "Nous entrons dans la nouvelle année lunaire avec le cœur brisé. Nous n'imaginions pas qu'elle puisse mourir de façon si soudaine", a déclaré sa famille sur les réseaux sociaux.
Mort dimanche à Torrance, à environ 45 km de Monterey Park, Huu Can Tran aurait pu faire davantage de victimes sans l'héroïsme d'un employé de l'établissement non loin de là où il comptait poursuivre son massacre. "Mon cœur s'est arrêté, je savais que j'allais mourir" lorsque le tueur a pointé une arme sur lui, a raconté Brandon Tsay, 26 ans, au New York Times. "À ce moment, c'est l'instinct de survie" qui a pris le dessus et il s'est jeté sur l'individu, réussissant au terme du "combat de sa vie" à lui arracher son arme, dotée d'un chargeur à grande capacité, selon les autorités.
Avec AFP