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Au Brésil, Lula préoccupé par sa sécurité alors que l'étau se resserre sur les émeutiers

Le président brésilien Lula s'est dit convaincu jeudi que la porte du palais de Planalto a été ouverte pour laisser entrer les émeutiers lors de l'assaut de dimanche dernier. De leur côté, les enquêteurs poursuivent leur travail pour identifier les responsables, notamment ceux qui ont œuvré en coulisse pour financer et organiser l'insurrection.

Au Brésil, le gouvernement resserrait son étau jeudi 12 janvier autour des participants, organisateurs et financeurs des émeutes de dimanche à Brasilia, qui ont poussé Lula a "profondément réorganiser" sa sécurité au palais présidentiel.

"Je suis convaincu que la porte du palais de Planalto a été ouverte pour que les gens puissent entrer, car aucune porte n'a été cassée", a déclaré le dirigeant de gauche lors de son premier petit-déjeuner avec des journalistes depuis son investiture le 1er janvier. "Cela signifie que quelqu'un a facilité leur entrée ici", a insisté Luiz Inacio Lula da Silva. "Comment pourrais-je avoir quelqu'un à la porte de mon bureau qui pourrait me tirer dessus ?" a-t-il demandé. 

Plus de 4 000 partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui refusent sa défaite électorale face à Lula fin octobre, ont semé le chaos dimanche dans la capitale, envahissant et saccageant le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès.  Quelque 2 000 personnes ont été interpellées et plus de 1 100 ont été incarcérées après avoir été interrogées, selon le dernier bilan des autorités.

L'agronégoce dans le viseur

Et l'étau continue de se resserrer, de nombreux émeutiers étant identifiés grâce aux caméras de surveillance, aux images de la presse ou aux selfies qu'ils ont publiés sur les réseaux sociaux. Mais la priorité des autorités est désormais de sanctionner les réseaux qui ont œuvré en coulisse pour financer et organiser l'insurrection.

Jeudi, le bureau de l'Avocat-général de l'Union (AGU), qui défend les intérêts de l'État fédéral, a demandé à la justice de Brasilia le gel de 6,5 millions de réais (environ 1,2 million d'euros) de 52 personnes et sept entreprises accusées d'avoir financé le transport d'émeutiers dans une centaine d'autocars arrivés de tout le pays samedi soir. Selon plusieurs médias brésiliens, un grand nombre de financeurs présumés seraient liés au secteur de l'agronégoce, soutien fidèle de Jair Bolsonaro.

L'évaluation des dégâts considérables subis par le patrimoine national, dont des œuvres d'art, était toujours en cours. Rien que pour les deux chambres du Congrès, ils s'élèvent à plus d'un million d'euros, selon les premières estimations rendues publiques par le gouvernement.

Jeudi, Lula a multiplié les réunions avec ses ministres, dans un souci apparent de revenir à la normalité après le choc de cet attentat sans précédent contre la démocratie brésilienne depuis l'instauration de la dictature militaire (1964-1985).

Appels à l'expulsion de Bolsonaro

Aux États-Unis, des élus démocrates ont appelé à ce que le président Joe Biden révoque le visa de l'ex-président brésilien, qui se trouve en Floride (sud), refusant que les États-Unis servent de refuge à l'ancien dirigeant.

"Nous ne devons pas permettre à M. Bolsonaro ou à tout autre ancien responsable brésilien de trouver refuge aux États-Unis afin d'échapper à la justice pour tout éventuel crime commis durant son mandat", écrivent ces 41 élus dans une lettre ouverte au président Biden rendue publique jeudi. Ils appellent, par ailleurs, le gouvernement américain à "coopérer pleinement à toute enquête du gouvernement brésilien" et à vérifier le statut légal aux États-Unis de l'ancien président, arrivé sur le territoire américain en tant que chef d'État.

Son séjour en Floride place les États-Unis sous une lumière relativement embarrassante, évoquant notamment de précédents accueils de dirigeants latino-américains controversés. Interrogé mercredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que les États-Unis n'avaient reçu aucune demande du Brésil à propos de Jair Bolsonaro, mais qu'il traiterait une telle requête "rapidement".

Avec AFP