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En grève de la faim, Alaa Abdel-Fattah, le plus célèbre détenu d'Égypte, cesse de s'hydrater

Icône de la "révolution" de 2011, le détenu politique britannico-égyptien Alaa Abdel-Fattah, en grève de la faim, a cessé de s'hydrater dimanche. Alors que le monde entier a les yeux rivés sur Charm el-Cheikh, où s'est ouvert la COP27, son cas est devenu emblématique des violations des droits de l'Homme en Égypte. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a assuré que son gouvernement était "totalement engagé" pour obtenir sa libération.

La pression monte sur les autorités égyptiennes : le détenu politique britannico-égyptien Alaa Abdel-Fattah, en grève de la faim, a cessé de s'hydrater dimanche 6 novembre, a annoncé sa sœur, le Premier ministre britannique Rishi Sunak disant vouloir profiter de la COP27 qui s'ouvre en Égypte pour obtenir sa libération.

Lundi soir, après avoir rencontré le président égyptien, il a dit "espérer voir son cas résolu au plus vite" et s'est engagé à continuer à "faire pression pour qu'il y ait du progrès", selon un porte-parole de Downing Street.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a indiqué lundi soir avoir évoqué le cas du détenu politique le plus célèbre d'Égypte avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ajoutant que ce dernier s'était "engagé à ce que sa santé soit préservée".

"Il n'y a plus beaucoup de temps, au mieux soixante-douze heures, pour libérer Alaa Abdel-Fattah. Si [les autorités égyptiennes] ne le font pas, cette mort sera dans toutes les discussions à la COP27", a prévenu dimanche Agnès Callamard, la secrétaire générale d'Amnesty International, au Caire.

Trois journalistes égyptiennes ont annoncé entamer lundi une grève de la faim à leur tour pour réclamer la libération du détenu politique. "Nous arrêtons de nous nourrir maintenant parce qu'Alaa Abdel-Fattah est en danger de mort", a expliqué à l'AFP Mona Selim, en sit-in au syndicat des journalistes au Caire avec Eman Ouf et Racha Azab.

En grève de la faim, Alaa Abdel-Fattah, le plus célèbre détenu d'Égypte, cesse de s'hydrater

L'Égypte accueille de dimanche 6 jusqu'au 18 novembre des dizaines de milliers de personnes pour la COP27 à Charm el-Cheikh, à 500 kilomètres au sud-est du Caire.

Parmi eux, Rishi Sunak, qui "doit comprendre l'urgence, car après la COP27, il sera trop tard", exhorte dimanche dans un communiqué Sanaa Seif, la sœur d'Alaa Abdel-Fattah, icône de la "révolution" de 2011 en Égypte et également de nationalité britannique.

Dans une lettre adressée à Sanaa Seif, Rishi Sunak a affirmé que Alaa Abdel-Fattah "reste une priorité pour le gouvernement britannique, comme défenseur des droits humains et comme ressortissant britannique".

"La participation du Royaume-Uni à la COP27 est une nouvelle opportunité pour soulever le cas de votre frère auprès des autorités égyptiennes", écrit-il encore. "Nous sommes totalement engagés pour résoudre [cette affaire]".

En grève de la faim, Alaa Abdel-Fattah, le plus célèbre détenu d'Égypte, cesse de s'hydrater

COP sous étroite surveillance

Alaa Abdel Fattah, condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour "diffusion de fausses informations", a été emprisonné sous tous les présidents d'Égypte depuis plus d'une décennie. 

Bête noire de l'actuel président, Abdel Fattah al-Sissi, il a quasiment cessé de s'alimenter le 2 avril pour protester contre ses conditions de détention, n'ingérant plus qu'un verre de thé et une cuillère de miel par jour. 

Depuis mardi, il n'avalait plus aucune calorie, et depuis dimanche il a également "cessé de boire de l'eau", a annoncé sa sœur Sanaa Seif.

"Il est très amaigri. La dernière fois que ma mère l'a vu, il ressemblait à un squelette", déclarait Sanaa Seif dès mi-octobre.

Les militants des droits humains comme du climat entendent attirer l'attention sur le sort des plus de 60 000 détenus d'opinion d'Égypte lors de la COP27.

La militante écologiste Greta Thunberg leur a exprimé sur Twitter sa solidarité alors que Human Rights Watch (HRW) a affirmé que les participants à la COP27 seraient étroitement surveillés.

"Les autorités ont imposé l'installation de micros et de caméras dans tous les taxis", indique l'ONG. 

Quant à l'application qu'elles proposent pour la COP27, "elle demande un accès à la caméra, au micro et à la localisation du téléphone, des données pouvant être communiquées à une tierce partie", ajoute HRW.

Une semaine avant la COP27, les militants s'étaient insurgés contre l'arrestation le 31 octobre du militant indien du climat Ajit Rajagopal.

Alors qu'il entamait une marche symbolique du Caire à Charm el-Cheikh, il a été appréhendé et brièvement détenu, ainsi que l'avocat venu le défendre.

Avec AFP