Lev Ponomarev, l'un des fondateurs de l'ONG russe Memorial, vient d'être récompensé par le prix Nobel de la paix, tout comme le militant biélorusse Ales Beliatski et l'ONG ukrainienne Centre pour les libertés civiles. Animateur du mouvement "Pour les droits humains", Lev Ponomarev a quitté la Russie en juin, après avoir dénoncé la guerre en Ukraine. Il fait une demande d'asile politique en France. Il estime que le président russe Vladimir Poutine est en train de perdre la guerre.
Lev Ponomarev estime que le prix Nobel aurait dû aller à ceux qui se battent contre la guerre et se trouvent en prison, comme les opposants Alexeï Navalny, Ilia Iachine ou Vladimir Kara-Mourza. Ce dernier vient d'ailleurs de se voir remettre le prix Vaclav-Havel des droits de l'Homme 2022.
Même s'il dit ne pas être toujours d’accord avec lui sur le plan des idées, Lev Ponomarev estime que Navalny est "un héros". Selon lui, la Russie sous Vladimir Poutine, est un État "quasi-totalitaire", avec des lois qui ressemblent à celles de l’ère soviétique. Lev Ponomarev estime que plus de la moitié des Russes sont opposés à la guerre en Ukraine, sur la base d'enquêtes qu'il dit avoir menées. Cependant, la répression est telle que les gens ont peur d'exprimer leur refus, ajoute-t-il.
Lev Ponomarev raconte que dès le 24 février 2022, le jour-même de l'invasion de l'Ukraine, il a lancé une pétition contre la guerre et a été interpellé, devenant ainsi la cible de poursuites pénales. "Je n’ai pas l’âge de Navalny, donc j’ai décidé de partir", explique-t-il. Chaque opposant à Poutine est considéré comme "agent de l’ennemi", ce qui est très dangereux et peut entraîner de lourdes peines de prison.
Lev Ponomarev estime que Poutine est en train de perdre et appelle les Occidentaux à proposer une "contre-propagande" comme à l’époque soviétique. "Je suis sûr que c’est bientôt la fin de l’époque Poutine", assure-t-il, tout en prévenant que ce ne sera pas pour autant la fin du fascisme en Russie.