Les autorités iraniennes ont lancé mercredi des frappes contre des opposants dans la région kurde du nord de l'Irak, tuant neuf personnes. Téhéran accuse des activistes armés kurdes iraniens d'être impliqué dans les manifestations quotidiennes qui agitent le pays depuis la mort de la jeune Iranienne Mahsa Amini, le 16 septembre, suite à son arrestation par la police des mœurs.
Les autorités iraniennes qui accusent des activistes armés kurdes iraniens d'être impliqués dans les troubles qui secouent le pays ont mené, mercredi 28 septembre, des attaques de missiles et de drones contre des opposants dans la région kurde du nord de l'Irak voisin.
Neuf personnes sont mortes et 24 ont été blessées dans les attaques près d'Erbil et de Souleymanie, a déclaré le ministre de la Santé du Kurdistan irakien, Saman Barazanchi, dans un communiqué.
Un haut responsable de Komala, un parti d'opposition kurde iranien, a déclaré à Reuters que plusieurs de leurs bureaux ont été frappés.
Deux personnes, dont une femme enceinte, ont été tuées et 12 autres blessées, dont certaines dans un état critique et hospitalisées près d'Erbil, a déclaré à Reuters le maire de la ville kurde irakienne de Koye.
Après les attaques, les Gardiens de la révolution, la force militaire et de sécurité d'élite de l'Iran, ont déclaré qu'ils continueraient à cibler ce qu'ils appellent les "terroristes" dans la région.
"Cette opération se poursuivra avec notre entière détermination jusqu'à ce que la menace soit effectivement repoussée, que les bases des groupes terroristes soient démantelées et que les autorités de la région kurde assument leurs obligations et leurs responsabilités", ont déclaré les Gardiens dans un communiqué lu à la télévision d'État.
Manifestations quotidiennes
Depuis la mort de la jeune Iranienne Mahsa Amini, arrêté le 13 septembre par la police des mœurs pour non respect du code vestimentaire, et décédée trois jours plus tard dans un hôpital de Téhéran, des protestations ont lieu tous les soirs à travers le pays.
Selon un dernier bilan donné mardi par l'agence Fars, "environ 60 personnes ont été tuées" depuis le 16 septembre. La police a fait état de 10 policiers morts mais il n'était pas clair si ceux-ci figuraient parmi les 60 morts.
Les autorités ont fait état en outre de l'arrestation de plus de 1 200 manifestants depuis le 16 septembre.
Le commandement de la police en Iran a averti mercredi que ses unités s'opposeraient "avec toute leur force" aux manifestants.
"Aujourd'hui, les ennemis de la République islamique d'Iran et certains émeutiers cherchent à perturber l'ordre et la sécurité de la nation en utilisant tous les prétextes", a affirmé le commandement de la police dans un communiqué.
"Les personnels de police s'opposeront de toute leur force aux conspirations des contre-révolutionnaires et des éléments hostiles et agiront partout dans le pays fermement contre ceux qui perturbent l'ordre public et la sécurité", a-t-il poursuivi, cité par l'agence de presse Fars.
Plainte contre la police
Les parents de Mahsa Amini ont porté plainte contre les policiers qui ont arrêté leur fille le 13 septembre, a rapporté mercredi l'agence de presse Isna, citant l'avocat de la famille, Me Saleh Nikbakht.
"Les parents de Mahsa Amini ont porté plainte contre les auteurs de l'arrestation de leur fille et (les policiers) qui ont parlé avec elle depuis son arrivée à la police des mœurs", a dit Me Saleh Nikbakht.
"Nous avons demandé au chef du parquet et au juge d'instruction de mener une enquête détaillée sur la manière dont l'arrestation a eu lieu jusqu'au transfert de Mahsa à l'hôpital", a expliqué l'avocat.
Il a également réclamé des autorités qu'elles fournissent "toutes les vidéos et photos" disponibles pendant toute la durée de la détention de Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs.
Le chef du parquet a "promis que l'affaire serait traitée minutieusement et que toutes nos requêtes seraient prises en compte", a déclaré Saleh Nikbakht.
Selon l'avocat, le chef du parquet a promis également "qu'une équipe médicale nommée par la famille de Mahsa Amini serait informée du cours de l'enquête".
Avec AFP et Reuters