Les protestataires ont continué, mercredi en Iran, de dénoncer la mort de Masha Amini, arrêtée par la police des mœurs une semaine auparavant. Au moins huit personnes ont été tuées durant ces manifestations, tandis que la communauté internationale a émis de vives condamnations.
La tension restait grande en Iran, mercredi 21 septembre. Au moins huit personnes ont été tuées lors d'une répression "brutale" de manifestations déclenchées par le décès d'une jeune femme arrêtée par la police des mœurs.
Dans nombre de villes d'Iran, comme dans le nord-ouest à Ourmia et Sardasht, des manifestations nocturnes ont encore éclaté mercredi soir septembre pour la cinquième nuit consécutive. Elles se succèdent dans une quinzaine de villes depuis l'annonce du décès de Mahsa Amini, vendredi, jusqu'à la ville sainte de Qom, au sud-ouest de Téhéran, cité natale du guide suprême iranien Ali Khamenei.
Le bilan s'établit à six morts selon les autorités iraniennes, auxquels il faut ajouter deux personnes tuées dans la nuit de mardi à mercredi selon un groupe kurde basé en Norvège.
Amnesty International a également dénombré la mort de six hommes, une femme et un enfant. L'organisation a dénoncé une "répression brutale" et "le recours illégal aux tirs de grenailles, billes d'acier, gaz lacrymogène, canons à eau et coups de bâton pour disperser les manifestants".
This is the real #Iran. Compulsory hejab is not part of our culture. #IranProtests #Mahsa_Amini #مهسا_امینی pic.twitter.com/3bLS5pTtzf
— Alireza Nader علیرضا نادر (@AlirezaNader) September 20, 2022Dans le Sud, des vidéos datant apparemment de mercredi montrent des manifestants brûler un portrait immense du général Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine en Irak en janvier 2020.
Ailleurs dans le pays, des manifestants ont incendié des véhicules de police, lancé des pierres sur les forces de sécurité et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon l'agence officielle Irna.
La police a riposté par des gaz lacrymogènes et de nombreuses arrestations, a précisé l'agence. D'autres images montrent des manifestants résistant aux forces de l'ordre. Les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l'on voit des femmes mettre le feu à leur foulard.
"Non au foulard"
Des hommes et des femmes, dont beaucoup avaient ôté leur foulard, se sont rassemblés à Téhéran et dans d'autres grandes villes du pays, selon Irna. "Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l'égalité !", ont crié ces manifestants dans la capitale, leurs slogans ayant été repris par solidarité à New York ou à Istanbul.
🎙️'La peur a peut-être changé de camp pour la première fois en #Iran' analyse de @FaridVahiid alors qu'un vent de révolte souffle sur le pays après la mort de #Mahsa_Amini @France24_fr #ParisDirect pic.twitter.com/bn5qhCuum7
— Pauline Paccard (@PaulinePaccard) September 21, 2022Les informations circulent toutefois difficilement en Iran où les médias sociaux étaient très perturbés mercredi soir.
Àgée de 22 ans et originaire du Kurdistan (nord-ouest), Mahsa Amini avait été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des mœurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict dans la République islamique. Selon des militants, la jeune femme avait reçu un coup mortel à la tête, une allégation démentie par des responsables, qui ont annoncé une enquête.
Les femmes en Iran doivent se couvrir les cheveux et la police des mœurs leur interdit en outre de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés, des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives.
Condamnations internationales
L'annonce du décès de la jeune femme, dont le prénom kurde est Jhina, a suscité de vives condamnations internationales : de l'ONU, des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni notamment.
"Nous sommes aux côtés des courageux citoyens et des courageuses femmes d'Iran, qui manifestent en ce moment même pour défendre leurs droits les plus élémentaires", a lancé le président Biden devant les Nations unies.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, avait évoqué mercredi matin, dans un entretien à l'AFP, un "autre chemin" possible pour les dirigeants iraniens.
À la tribune de l'ONU, le président Raïssi a aussitôt accusé l'Occident d'appliquer un "deux poids, deux mesures" en matière de droits humains, dénonçant la mort de femmes de peuples autochtones au Canada ou la répression israélienne dans les territoires occupés palestiniens.
Avec AFP