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Accrochage diplomatique entre Lomé et Paris

Le Togo a expulsé un diplomate français en poste à Lomé qui aurait eu des "contacts trop suivis" avec Kofi Yamgnane, candidat à la présidentielle du 28 février. La France a réagi en demandant à son tour le départ d'un diplomate togolais.

AFP - Le Togo a décidé d'expulser le premier secrétaire de l'ambassade de France à Lomé, chargé du suivi de la politique intérieure du pays, a annoncé mardi le ministère français des Affaires étrangères, qui a demandé à son tour le départ d'un diplomate togolais.

"Nous confirmons la décision du Togo de demander le départ du premier secrétaire de l'ambassade de France, Eric Bosc", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero. "La France a pris une mesure réciproque et a demandé le départ d'un diplomate de l'ambassade du Togo", a-t-il ajouté.

Le diplomate "n'a pas outrepassé sa mission" et a fait preuve d'un "grand professionnalisme dans ses contacts avec tous les partis légaux", a ajouté le porte-parole.

Bernard Valero était interrogé sur des informations selon lesquelles les autorités togolaises reprocheraient au diplomate des contacts trop suivis avec l'un des candidats à la présidentielle togolaise, Kofi Yamgnane.

Ce dernier dispose de la double nationalité française et togolaise et, après une carrière politique en France, il a annoncé qu'il briguait la présidence de son pays d'origine contre le président sortant Faure Gnassingbé. M. Valero s'est refusé à confirmer que le Togo avait réagi à des contacts avec M. Yamgnane: "il faudrait demander aux autorités togolaises", a-t-il dit, saluant "l'excellent travail" que M. Bosc effectuait au Togo comme auparavant dans son précédent poste en Haïti.

M. Bosc "fait ses valises. Le délai de son départ est dans les prochains jours", a-t-il dit, précisant que le diplomate effectuait sa quatrième année consécutive à Lomé.

Une élection présidentielle est prévue le 28 février prochain au Togo. Elle doit avoir lieu au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Les deux principaux partis d’opposition ont menacé de la boycotter si le scrutin ne s'effectuait pas à deux tours.

Kofi Yamgnane, 64 ans, ingénieur des Mines de formation, secrétaire d'Etat à l'Intégration sous François Mitterrand, est connu pour ses critiques du régime politique togolais.

"Après 43 ans de Rassemblement du peuple togolais", parti de l'ex-président Gnassingbé Eyadéma, mort en 2005 et auquel a succédé son fils Faure Gnassingbé, "pas une famille togolaise qui n'a été touchée par une violence quelconque", a accusé Kofi Yamgnane dans une récente interview à l'AFP.

Il a été persona non grata durant près de 10 ans après avoir écrit un article au vitriol sur l'ancien président Eyadéma.

Ancien maire socialiste de la municipalité bretonne de Saint-Coulitz, il avait exhorté Paris à ne "plus" soutenir le "dictateur" Faure Gnassingbé et à rompre les liens politiques et économiques de la "Françafrique" entre Paris et certains dirigeants des anciennes colonies.

Kofi Yamgnane s'est installé à Lomé il y a un an. Il avait annoncé sa candidature début septembre.
 

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