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Le Parti libéral-démocrate auquel appartenait Shinzo Abe, et son allié le Komeito, disposent selon les médias japonais d'une "super majorité" des deux tiers au Sénat, ce qui leur permettrait de modifier la constitution du pays.

La coalition au pouvoir au Japon a conforté sa majorité au Sénat lors d'élections dimanche marquées par l'assassinat deux jours plus tôt de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, pour lequel une veillée funèbre devait se tenir lundi 11 juillet à Tokyo.

Ce scrutin sans réel suspense a été largement éclipsé par l'attaque par balles vendredi lors d'un meeting électoral à Nara de Shinzo Abe, qui avait quitté le pouvoir en 2020 après avoir battu le record de longévité au poste de Premier ministre du Japon.

Veillée pour Shinzo Abe

Une veillée funèbre était prévue lundi soir au temple Zojoji à Tokyo, à laquelle devaient notamment se rendre des figures du monde politique et économique japonais. Les obsèques devraient avoir lieu au même endroit mardi en présence uniquement de proches de Shinzo Abe, avant un hommage public à une date ultérieure.

De retour d'une tournée en Asie du Sud-Est, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a fait un crochet imprévu par Tokyo lundi pour rencontrer le Premier ministre Fumio Kishida et présenter personnellement ses condoléances ainsi que celle du président Joe Biden.

"Le peuple américain partage le sentiment de perte du peuple japonais", a déclaré Antony Blinken, estimant que "durant son mandat, le Premier ministre Abe a fait plus que n'importe qui pour élever la relation entre les États-Unis et le Japon à de nouveaux sommets". Le chef de la diplomatie américaine a précisé avoir remis à Fumio Kishida des lettres du président américain Joe Biden destinées à la famille de Shinzo Abe.

Son assassin présumé, arrêté sur les lieux de l'attaque, a été identifié par la police comme Tetsuya Yamagami, 41 ans, qui serait un ancien membre de la Force maritime d'autodéfense, la marine japonaise. Il a avoué avoir délibérément visé Shinzo Abe, expliquant aux enquêteurs en vouloir à une organisation à laquelle il croyait que celui-ci était affilié. Des médias japonais ont évoqué un groupe religieux.

Super-majorité pour le PLD

Les Japonais, encore sous le choc, ont voté dimanche pour renouveler la moitié de la Chambre haute du parlement, plébiscitant le Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) de Fumio Kishida, qui a jugé "important que les élections aient pu se tenir normalement" malgré ce contexte dramatique.

La coalition formée par le PLD et son allié le Komeito a remporté une large victoire électorale, s'adjugeant 76 des 125 sièges en jeu dimanche, contre 69 avant le scrutin, et contrôle désormais 146 des 248 sièges du Sénat.

Avec deux autres partis avec lesquels des alliances sont envisageables sur certains points, le PLD et le Komeito disposent même d'une "super-majorité" des deux tiers du Sénat qui leur permettrait potentiellement d'ouvrir la voie à une réforme de la Constitution pacifiste du Japon, dont rêvait Shinzo Abe, ancien leader du PLD.

Fumio Kishida a promis dimanche soir de s'atteler à "approfondir le débat parlementaire sur la Constitution afin de pouvoir élaborer une proposition d'amendement concrète" en vue d'un référendum, alors que les différents partis divergent sur le contenu d'une éventuelle révision. Il a aussi promis de poursuivre son action sur les importants sujets que représentent pour le Japon la pandémie de Covid-19, l'invasion russe de l'Ukraine et l'inflation.

La principale force d'opposition, le Parti démocrate constitutionnel (PDC) de centre-gauche, ne s'est assuré que 17 sièges (six de moins qu'avant l'élection).

Un nombre record de 35 femmes ont été par ailleurs élues dimanche au Sénat. Le taux de participation était d'environ 52 %, contre 49 % lors des précédentes élections sénatoriales en 2019.

La campagne électorale avait notamment été dominée par les hausses de prix dues à la flambée des coûts du pétrole et d'autres matières premières, et des risques concernant l'approvisionnement en électricité du Japon, alors que la canicule qui touche le pays depuis fin juin fait craindre des perturbations du réseau.

Avec AFP