En réitérant son appel à "ne pas humilier la Russie", vendredi 3 juin, Emmanuel Macron a déclenché une vague de critiques et d'incompréhension en Europe. À cinq jours du premier tour des élections législatives, ses concurrents à gauche et à l'extrême droite soutiennent sa position.
Emmanuel Macron "a raison" de discuter avec Vladimir Poutine, ont estimé mardi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, après un nouvel appel du président français à "ne pas humilier la Russie" qui a généré une vague de critiques, en Ukraine et en Europe de l'Est notamment.
"Le président français a raison d'essayer de trouver par la discussion les moyens d'arrêter cette guerre, et de faire en sorte que l'Ukraine retrouve sa souveraineté et que les soldats russes sortent de l'Ukraine", a déclaré mardi 7 juin sur FranceInfo la candidate malheureuse à la présidentielle, qui avait été accusée par Emmanuel Macron de "dépendre du pouvoir russe".
Marine Le Pen avait plaidé pendant cette campagne pour un "rapprochement stratégique entre l'Otan et la Russie" une fois la guerre terminée en Ukraine. "Je ne comprends pas pourquoi le président (ukrainien) Zelensky lui en fait le reproche puisqu'(il) a dit lui-même que la seule issue serait diplomatique", or "quand on cherche une issue diplomatique, on essaie d'éviter que le canal de discussions se rompe", a fait valoir la dirigeante d'extrême droite, qui avait été reçue par Vladimir Poutine pendant la campagne présidentielle de 2017.
Marine Le Pen opposée à l'embargo européen sur les hydrocarbures russes
Pour autant, Marine Le Pen a redit son opposition à un embargo sur l'importation de pétrole ou de gaz russes, soutenu par le gouvernement français. Il s'agit pour elle d'"une sanction stupide et nocive pour le peuple français" parce que le "pétrole russe que nous n'achèterons pas sera vendu à d'autres" et que les prix de l'énergie vont "augmenter".
Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui aspire à devenir Premier ministre à l'issue des législatives, a également approuvé, mardi sur France Inter, la stratégie d'Emmanuel Macron : "Si dans trois semaines, j'ai à m'occuper de ce pays avec lui, il vaut peut-être mieux que j'évite tout de suite de commencer à provoquer des incidents". Sur le fond, "je pense que les Ukrainiens ne devraient pas nous parler comme ça", a-t-il ajouté, rappelant que "la France arme" l'Ukraine, "la France soutient le peuple ukrainien".
"Si le président Macron parle avec M. Poutine, je lui donne raison", a-t-il ajouté, "parce qu'il ne faut pas laisser cet homme s'enfermer en lui-même. Mais la naïveté ce serait de croire qu'en lui parlant, on va lui faire évacuer l'Ukraine."
Jean-Luc Mélenchon conditionne le dialogue au retrait des forces russes
"Un jour ou l'autre, la Russie reviendra à la table, mais il y en a pour 10 ou 15 ans", a estimé Jean-Luc Mélenchon, "parce qu'avoir tout cassé, massacré des gens et commis des crimes de guerre, (...) c'est aussi quelque chose d'irréversible dans l'esprit" des Européens, ajoutant qu'il faut que "l'Ukraine retrouve sa souveraineté et que les soldats russes sortent de l'Ukraine".
Vendredi, le président Macron avait affirmé voir chez Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen "un projet de désordre et de soumission" à la Russie.
Avec AFP