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Chaos au Stade de France : "Les choses auraient pu être mieux organisées", reconnaît Darmanin

Quatre jours après les incidents survenus au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a défendu devant le Sénat l'action des forces de l'ordre, tout en présentant ses "excuses" pour une "fête du sport" gâchée.

"Il est évident que les choses auraient pu être mieux organisées" lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France – émaillée samedi de nombreux incidents –, a reconnu mercredi 1er juin le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, auditionné par la commission des lois du Sénat.

"Il est évident que cette fête du sport a été gâchée", a-t-il ajouté. "Et nous regrettons très sincèrement les débordements parfois inacceptables qui ont eu lieu", a encore dit le ministre.

"C'est l'événement qui a mobilisé le plus de policiers et de gendarmes depuis que je suis ministre de l'Intérieur", a encore dit Gérald Darmanin, rejetant toute critique sur les effectifs des forces de l'ordre présentes : "Il y avait très largement assez d'effectifs de police."

"Plusieurs billets ont été dupliqués des centaines de fois", a-t-il aussi déclaré, évoquant le cas d'un ticket reproduit "744 fois".

S'appuyant notamment sur des comptages de la RATP et de la SNCF, Gérald Darmanin a réaffirmé que "110 000 personnes" se sont présentées "autour du Stade de France", soit "35 000" de plus que la jauge prévue, correspondant selon lui à des supporters avec des billets falsifiés ou sans billet.

Cette situation a, selon les autorités, entraîné près du Stade de France un engorgement massif, des débordements et une intervention des forces de l'ordre.

À cet égard, Gérald Darmanin s'est "excusé très sincèrement" auprès des supporters de Liverpool pour "les grands dégâts, notamment sur des enfants", causés par les gaz lacrymogènes, utilisés de "façon disproportionnée", assurant que des "sanctions seront prises".

Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a annoncé que les citoyens britanniques et espagnols agressés à l'issue du match "pourront déposer plainte dans leur pays à partir de lundi" et effectuer également une saisine de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

"Obsession" pour Emmanuel Macron

"On aurait sûrement pu faire mieux", avait également reconnu plus tôt la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire. Le chef de l'État a demandé au gouvernement "la transparence, la lumière sur les faits, des pistes pour que ça ne se reproduise plus, et de la réactivité", a-t-elle détaillé à l'issue du Conseil des ministres.

Une attente qui serait même une "obsession" pour Emmanuel Macron, a insisté la porte-parole, tout en appelant à "garder un peu de sang-froid, même si les choses sont à améliorer".

À l'approche des élections législatives des 12 et 19 juin, l'affaire a pris un tour hautement politique, notamment sur la capacité de la France à organiser des événements sportifs majeurs à un an du Mondial-2023 de rugby et à deux ans des Jeux olympiques à Paris.

"Est-ce que la France est un grand pays capable d'accueillir des grandes manifestations sportives internationales ? Oui, et quatre fois oui", a martelé Olivia Grégoire.

Chaos au Stade de France : "Les choses auraient pu être mieux organisées", reconnaît Darmanin

La controverse reste vive autour du dispositif de maintien de l'ordre en marge du match le plus important de la saison en Europe, remporté par le Real Madrid (1-0) face à Liverpool.

Le directeur exécutif du club anglais Billy Hogan a annoncé que la plateforme de collecte des témoignages des supporters des Reds mise en place lundi avait déjà reçu 5 000 réponses en 24 heures.

"Des hommes, femmes et enfants, des gens valides et d'autres moins, ont été traités sans discernement au cours de la journée de samedi", a-t-il regretté, se disant "horrifié" par ce qu'il a lu.

Chaos au Stade de France : "Les choses auraient pu être mieux organisées", reconnaît Darmanin

Depuis cette soirée cauchemardesque, les oppositions s'en prennent également à la gestion de l'événement, Marine Le Pen accusant Gérald Darmanin d'un "mensonge gravissime" à propos du nombre de faux billets.

"Un ministre qui ment, c'est une mauvaise nouvelle et pas de bon augure pour le quinquennat qui s'annonce", a estimé de son côté l'eurodéputé La France insoumise Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, sur Franceinfo.

Sur le gril, Gérald Darmanin conserve toutefois "toute la confiance du président de la République", a rétorqué  Olivia Grégoire.

La Fédération française de football (FFF) a défendu le dispositif renforcé mis en place aux abords du stade. 

Pour l'heure, la FFF et l'UEFA ont évalué à "2 800" le nombre de "faux billets scannés" samedi, selon des sources proches du dossier, confirmant une information de RMC Sports.

Mais parmi ces 2 800 faux billets peuvent figurer de vrais billets ayant été mal activés, selon Pierre Barthélémy, avocat de groupes de supporters français présents samedi au stade.

Pour leur part, les services de renseignement avaient alerté les autorités dès le 25 mai de la présence "d'environ 50 000 supporters anglais" qui "ne seront pas détenteurs de billets".

Sur le plan judiciaire, trois hommes, des étrangers en situation irrégulière, ont été condamnés mardi en comparution immédiate à des peines allant de six mois de prison avec sursis à dix mois d'emprisonnement ferme pour des vols commis sur des supporters.

Avec AFP