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Figure controversée, l'ultranationaliste russe Vladimir Jirinovski est mort

Figure de la vie politique russe connue pour ses positions ultra-nationalistes et ses diatribes régulières, Vladimir Jirinovski est mort, mercredi, à l'âge de 75 ans. Ses idées anti-occidentales et sur la grandeur de la Russie, se sont peu à peu imposées comme dominant la vie publique, y compris au Kremlin.

Vladimir Jirinovski est mort mercredi 6 avril, à 75 ans. Connu pour ses tirades nationalistes, ce mastodonte de la politique russe a su habilement garder son parti à flot dans l'ère post-soviétique, sans jamais fâcher Vladimir Poutine.

À la tête pendant plus de 30 ans du Parti Libéral-Démocrate (LDPR), classé à l'extrême droite, il a participé à presque toutes les présidentielles de la Russie moderne et son parti a toujours été représenté dans les instances locales et nationales, jouant le rôle d'opposant bruyant, mais pas rebelle.

Ce sont ses diatribes, ses élans guerriers et ses apparitions improbables qui resteront dans les mémoires des Russes, comme les fois où il a jeté un verre d'eau lors d'un débat en insultant son adversaire, ou s'est battu dans l'enceinte du Parlement avec un député.

Son dernier coup d'éclat remonte au 27 décembre, lorsqu'il avait prédit que 2022 "ne sera pas une année pacifique, ce sera l'année où la Russie redeviendra une puissance", appelant à "attendre le 22 février". Hasard de calendrier ou pas, la veille de ce jour-là Vladimir Poutine reconnaît les séparatistes prorusses du Donbass ukrainien, avant de faire entrer ses troupes en Ukraine le 24.

En 2014, il arrive dans l'hémicycle en tenue militaire et se lance dans une tirade anti-ukrainienne, un mois après l'annexion de la Crimée par Moscou. C'est par de tels moments de politique spectacle que Jirinovski a bâti sa réputation, mais il ne s'est jamais opposé au système Poutine dont il a été en réalité un écrou.

"Seul le chef de la Russie décide de ce qu'il adviendra du monde dans les 10 à 15 prochaines années", lançait-il encore en avril 2021, à l'âge de 75 ans.

Quelques semaines plus tard, il propose de repousser l'âge de la majorité à 30 ans, car les Russes "ne comprennent rien jusqu'à 30 ans, ce sont des enfants".

Xénophobie et nationalisme

Né en 1946 au Kazakhstan, alors république soviétique, Vladimir Jirinovski se lance en politique après des études de langue, de philosophie et de droit, ainsi qu'un service militaire à Tbilissi, en Géorgie. La région se trouve alors à un tournant de l'histoire.

Vladimir Poutine n'était encore qu'un simple conseiller du maire de Saint-Pétersbourg lorsque les premiers éclats de Jirinovski apparaissent à la télévision, à l'occasion de l'élection présidentielle russe de 1991, peu avant la dissolution définitive de l'URSS, à laquelle il termine à la troisième place.

Dans un discours resté célèbre, il fustige alors la perte des républiques soviétiques qui se sont séparées de la Russie et promet de "redresser la Russie à genou".

Créé en 1989, son Parti Libéral-Démocrate porte très mal son nom, étant fondé sur la xénophobie, le militarisme, l'autoritarisme et le retour des nombreux territoires "perdus", y compris l'Alaska, vendue par la Russie aux États-Unis à l'époque tsariste.

Trois ans plus tard, il remporte sa plus grande victoire politique en décrochant 64 sièges au Parlement, provoquant la stupeur des Occidentaux, qui suivent attentivement les soubresauts de la politique russe dans le chaos des années post-soviétiques.

Une figure controversée

Figure controversée, son nationalisme provocateur choque alors une partie de la population russe, tout comme ses insultes envers ses détracteurs, ses bagarres ou ses tirades contre les États-Unis, les communistes et les Juifs, tout en reconnaissant que son père en était un.

"Nos scientifiques modifieront légèrement le champ gravitationnel de la Terre et votre pays sera sous l'eau !", lance-t-il encore à l'attention des États-Unis dans une vidéo de 2002, où il apparaît visiblement éméché.

Pour ses partisans, il est au contraire un politique habile et orateur charismatique, qui sait jouer de la politique pour récupérer les voix de nostalgiques de l'URSS mais aussi des déçus des communistes, des démocrates et du système Poutine.

Pour nombre d'observateurs, il s'est contenté d'être un outil du Kremlin pour canaliser les mécontents.

Lorsqu'en 2020, le gouverneur LDPR Sergueï Fourgal, qui avait battu aux élections le candidat du Kremlin, est arrêté pour une affaire de triple meurtre dénoncée comme politique, Vladimir Jirinovski hausse le ton et menace de quitter le Parlement avec toute sa faction.

"Le monde entier saura quel bazar il y a en Russie !", lance-t-il furieux. En fin de compte, le fidèle opposant de Poutine n'en fera rien.

Avec AFP