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Un cessez-le-feu de deux mois est entré en vigueur samedi au Yémen, au premier jour du mois du ramadan. Proposée par l'ONU, cette trêve est le résultat d'un accord passé entre les forces progouvernementales et les rebelles houthis, en guerre depuis près de huit ans. 

Au Yémen, une trêve de deux mois est entrée en vigueur, samedi 2 avril, en vertu d'un accord arraché par les Nations unies aux forces progouvernementales et aux rebelles houthis, engagés dans une guerre dévastatrice. 

Dans ce conflit qui a fait des centaines de milliers de morts, selon l'ONU, et poussé ce pays pauvre de la péninsule arabique au bord de la famine, une précédente trêve à l'échelle nationale convenue en 2016 entre les belligérants et d'autres décidées unilatéralement ont fait long feu.

"La trêve de deux mois est entrée en vigueur à 19 h (16 h GMT)" au premier jour du mois de jeûne musulman du ramadan", a affirmé dans un communiqué Hans Grundberg, émissaire de l'ONU. "Dès ce soir, toutes les opérations militaires aériennes, navales et au sol doivent cesser", a-t-il ajouté. 

"Les belligérants ont répondu positivement à la proposition des Nations unies d'une trêve de deux mois", avait dit Hans Grundberg vendredi, dans un communiqué, en soulignant qu'elle pouvait être "renouvelée avec (leur) consentement".

Une série d'attaques fin mars 

Cette annonce est le couronnement des efforts de Hans Grundberg, qui tente depuis des mois de parvenir à une trêve et de relancer les négociations en vue d'un règlement au Yémen, où les puissances régionales rivales, l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, se livrent à une guerre par procuration.

Jeudi, l'émissaire de l'ONU a discuté séparément avec des représentants des Houthis à Oman et ces derniers jours avec ceux du pouvoir yéménite et du royaume saoudien à Riyad.

La coalition a dit "soutenir l'accord du gouvernement yéménite pour une trêve" de même que "les efforts de l'ONU pour la consolider".  Et les Houthis, par un communiqué, ont confirmé leur "engagement à la fin des opérations militaires tant que l'autre partie y adhère".

Les efforts en vue d'une trêve se sont intensifiés après une escalade des attaques des Houthis contre l'Arabie saoudite.

Le 25 mars, ils ont lancé 16 attaques contre des cibles dans le royaume, dont l'une a provoqué un gigantesque incendie dans un site pétrolier à Jeddah (ouest) proche du circuit de Formule 1 qui accueillait le Grand Prix. Ces attaques n'ont pas fait de victimes. En représailles, l'aviation saoudienne a bombardé des zones contrôlées par les Houthis.

"Les parties ont accepté d'arrêter toutes les offensives aériennes, terrestres et maritimes au Yémen et au-delà de ses frontières", a dit Hans Grundberg.

L'espoir d'une "paix durable"

Les pétroliers seront en outre "autorisés à entrer dans les ports de la province de Hodeïda (ouest)" et les vols commerciaux possibles "depuis et vers l'aéroport de la capitale Sanaa, avec des destinations prédéterminées", selon lui.

La coalition contrôle l'espace aérien et maritime du Yémen et seuls les vols de l'ONU sont autorisés à atterrir à Sanaa, un "blocus" dénoncé par les Houthis.

Une rencontre entre des représentants houthis et de la coalition aura lieu pour évoquer la réouverture de routes, notamment à Taïz, ville sous contrôle gouvernemental mais assiégée depuis 2015 par les insurgés, afin de "permettre aux civils de se déplacer librement", a ajouté Hans Grundberg.

"Le succès de cette initiative va dépendre de la volonté des parties belligérantes du conflit à faire respecter la trêve et (à appliquer) les mesures humanitaires prévues", selon l'émissaire de l'ONU.

"J'espère que la bonne volonté affichée publiquement par les parties va se traduire par une désescalade à long terme dans les discours incendiaires et haineux rapportés par les médias", a-t-il encore indiqué.

Après sept ans d'intervention, la coalition dirigée par les Saoudiens n'a pas réussi à déloger les rebelles des régions conquises dans le nord du Yémen. Selon des observateurs, les rebelles affichent une certaine intransigeance imputée au manque de fermeté de la communauté internationale à leur égard.

Les États-Unis ont salué la nouvelle trêve mais souligné la nécessité de parvenir à "un compromis pouvant apporter une paix durable". De son côté, la France a estimé qu'il s'agissait d'"une avancée majeure qui doit permettre d'alléger les souffrances du peuple yéménite et qui est porteuse d'espoir".

Avec AFP