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La Corée du Nord tire un missile intercontinental, Séoul riposte avec plusieurs missiles

Pyongyang a tiré jeudi un missile balistique intercontinental (ICBM), mettant un terme au moratoire qu'elle observait depuis 2017. L'armée sud-coréenne a indiqué avoir immédiatement riposté en tirant "des missiles depuis le sol, la mer et les airs" vers le large de ses côtes.

La Corée du Nord a tiré, jeudi 24 mars, un missile balistique intercontinental (ICBM) dans la zone maritime économique exclusive du Japon, rompant un moratoire qu'elle observait depuis 2017 et s'attirant une ferme condamnation de l'ONU.

Vendredi matin, l'agence d'État nord-coréenne KCNA a confirmé que le tir "d'un nouveau type" d'ICBM, baptisé Hwasong-17, avait été personnellement ordonné par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, et qu'il avait parfaitement atteint sa cible en mer du Japon.

Le président sud-coréen Moon Jae-in avait indiqué, dans un communiqué, que le projectile lancé jeudi après-midi par Pyongyang en direction de la mer du Japon était un ICBM. Il s'agit "d'une rupture de la suspension des lancements de missiles balistiques intercontinentaux promise par le président Kim Jong-un à la communauté internationale", a-t-il déploré.

L'armée sud-coréenne a indiqué avoir immédiatement riposté en tirant "des missiles depuis le sol, la mer et les airs" vers le large de ses côtes.

L'ONU a condamné "avec force" ce tir. "Le lancement d'un missile de longue portée fait courir le risque d'une escalade des tensions dans la région", a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole d'Antonio Guterres. "Le secrétaire général presse la RPDC (République populaire démocratique de Corée) de ne pas entreprendre davantage d'actions contre-productives."

Le Conseil de sécurité devrait se réunir vendredi à la demande des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Albanie, de l'Irlande et de la Norvège face à ce tir "sans ambiguïté" de la Corée du Nord, ont indiqué des diplomates à l'AFP.

"Un acte scandaleux et impardonnable"

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a dénoncé "un acte scandaleux et impardonnable". Le régime nord-coréen "menace la paix et la sécurité du Japon, de la région et de la communauté internationale", a-t-il déclaré depuis Bruxelles, où il se trouve pour un sommet du G7.

Condamnant "avec force" le nouveau tir, la Maison Blanche a assuré que les États-Unis prendraient "toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du territoire américain, de la Corée du Sud et du Japon".

Ce nouveau tir démontre que la Corée du Nord "continue de donner la priorité à ses armes de destruction massive", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.

Les résolutions de l'ONU interdisent à la Corée du Nord, frappée par de lourdes sanctions internationales pour ses programmes nucléaire et d'armement, de procéder à des essais de missiles balistiques. Ce qui n'a pas empêché Pyongyang de réaliser une dizaine de tests de ce type d'arme depuis le début de l'année.

Mais il ne s'agissait pas jusqu'à présent de missiles intercontinentaux, même si Washington et Séoul soupçonnent le régime nord-coréen d'avoir testé certains systèmes d'ICBM lors de ces lancements.

Pyongyang avait effectué trois lancements d'ICBM en 2017. L'engin alors testé, le Hwasong-15, était capable d'atteindre les États-Unis.

Un échec la semaine dernière

Selon Séoul, un essai de missile par la Corée du Nord le 16 mars s'est soldé par un échec, le projectile explosant dans le ciel au-dessus de Pyongyang peu après son lancement depuis l'aéroport de Sunan, au nord de la capitale. Le régime a gardé un silence complet sur cet événement.

"Pyongyang a essayé de lancer un ICBM à l'aéroport de Sunan la semaine dernière mais a échoué", a affirmé à l'AFP Go Myong-hyun, chercheur à l'Institut d'études politiques Asan. "Alors il a mené le lancement d'aujourd'hui pour maquiller ce ratage et parce qu'il doit maîtriser les technologies d'ICBM dès que possible."

Beaucoup d'analystes s'attendaient à ce que Pyongyang, qui célèbrera le 15 avril le 110e anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, fondateur du pays et grand-père de Kim Jong-un, se livre à une démonstration de force pour marquer cette fête, la plus importante du calendrier politique nord-coréen.

"Kim Jong-un considère très important de prouver qu'il est un dirigeant compétent avant le 110e anniversaire de Kim Il-sung, surtout à son propre peuple", a expliqué Cheong Seong-chang, du Centre d'études nord-coréennes de l'Institut Sejong.

Période de transition à Séoul

Kim Jong-un a déclaré l'an dernier qu'améliorer les capacités militaires du pays était prioritaire pour le régime.

Priorité parmi les priorités : développer un ICBM capable de porter plusieurs ogives conventionnelles ou nucléaires suivant chacune une trajectoire indépendante, difficiles à intercepter par les systèmes antimissiles.

Ce missile, le Hwasong-17, a été surnommé le "missile monstre" par les analystes militaires. Il a été montré lors d'une parade à Pyongyang en octobre 2020. On ignore à ce stade si c'est ce missile qui a été testé jeudi.

Les États-Unis et la Corée du Sud accusaient déjà le régime nord-coréen d'en avoir récemment testé certaines parties depuis le début 2022, sous couvert de ce qu'il a présenté comme des essais de lancement de satellites.

"Kim a probablement le sentiment que c'est le moment parfait pour développer des ICBM, et rappeler au monde avec insistance que le Nord, contrairement à l'Ukraine, est un pays doté de l'arme nucléaire", a expliqué à l'AFP Ahn Chan-il, un analyste spécialisé dans la Corée du Nord.

Cet essai survient également alors que la Corée du Sud est en période de transition présidentielle, le chef de l'État sortant Moon Jae-in devant céder son fauteuil en mai au conservateur Yoon Suk-yeol, élu au début du mois et qui a promis d'adopter une ligne plus dure face aux provocations du Nord.

Avec AFP