Alors que l'ancienne N.1 mondiale de tennis semble avoir disparu depuis la publication d'un message accusant Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Pari communiste chinois, des photos où elle apparaît souriante ont été publiées sur les réseaux sociaux.
Des photos montrant Peng Shuai, souriante, ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux, tandis qu'un influent journaliste chinois promet une apparition publique prochaine de la joueuse, au moment où la pression internationale s'accroît sur la Chine pour obtenir des informations.
Her friend shared the three photos and the screenshot of Peng’s WeChat moments. pic.twitter.com/tut8CEH6gu Shen Shiwei沈诗伟 (@shen_shiwei) November 19, 2021
L'ancienne N.1 mondiale en double, âgée de 35 ans, n'a fait aucune apparition publique depuis un message sur les réseaux sociaux dans lequel elle accuse Zhang Gaoli, un puissant ex-responsable du Parti communiste de 40 ans son aîné, de l'avoir contrainte à un rapport sexuel.
Ces accusations prennent un relief particulier après le mouvement mondial #MeToo, contre les violences faites aux femmes.
Voici ce que l'on sait :
L'accusation
Le 2 novembre, un message publié brièvement sur le compte officiel Weibo de la joueuse (équivalent à Twitter en Chine) décrit une relation sentimentale contrariée avec Zhang Gaoli, marié, avant qu'il n'occupe de hautes fonctions.
Zhang Gaoli a été de 2013 à 2018 l'un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine. Mais l'affaire ne concerne pas la période pendant laquelle il était à ce poste.
Dans cet écrit attribué à Peng Shuai, la joueuse explique que Zhang Gaoli a repris contact avec elle en 2018 lorsqu'il a pris sa retraite. Un rapport sexuel contraint est évoqué.
Zhang Gaoli, aujourd'hui septuagénaire, n'a pas réagi à ces déclarations.
Il n'est pas clair si le message a été personnellement publié par Peng Shuai.
La censure
Le message de la championne a rapidement été effacé mais des captures d'écran ont été faites. Ces dernières ont rapidement été censurées sur l'internet chinois et le sont toujours.
L'accusation portée par Peng Shuai a cependant été publiée sur Twitter - bloqué en Chine - ce qui lui a permis de connaître un écho mondial.
En Chine, le nom Peng Shuai apparaît toujours dans les résultats de recherche sur internet, mais l'affaire ainsi que les recherches associant la joueuse et M. Zhang ne donnent aucun résultat.
Le tollé
Sur Twitter, le hashtag #WhereIsPengShuai a pris de l'ampleur. Les plus grands joueurs de tennis mondiaux l'ont utilisé pour exprimer leur inquiétude à son sujet.
L'ancienne N.1 mondiale Naomi Osaka s'est ainsi dite "choquée par la situation".
"Honnêtement, c'est choquant qu'elle ait disparu", a également déclaré à la presse le N.1 mondial Novak Djokovic.
L'Américaine Serena Williams s'est dite "bouleversée et choquée". "Ça doit faire l'objet d'une enquête et nous ne devons pas rester silencieux", écrit l'Américaine sur Twitter.
"J'espère qu'elle sera bientôt retrouvée, parce que l'on ne parle pas ici d'un match de tennis ou d'une compétition, mais on parle de vie humaine", a pour sa part déclaré l'Allemand Alexander Zverev.
L'organisation Amnesty International fait part de sa "profonde préoccupation" en l'absence d'apparition publique de Peng Shuai.
La réponse officielle
La WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis, a appelé à "une enquête approfondie, juste et transparente concernant les accusations de violences sexuelles à l'encontre de Peng Shuai".
En début de semaine, le patron de la WTA, Steve Simon a dit "avoir reçu confirmation, de plusieurs sources incluant la fédération chinoise, qu'elle est en sécurité et pas menacée physiquement".
Sollicitée par l'AFP, cette dernière n'a pas souhaité faire de déclarations à ce sujet, tout comme le ministère chinois des Affaires étrangères.
Le tournant diplomatique
Plusieurs pays dont les États-Unis et la France se sont dit vendredi "préoccupés" par le sort de la joueuse chinoise.
L'ONU a demandé des preuves qu'elle se porte bien.
Des clichés
Dans la foulée, quatre clichés de la championne de tennis sont publiés vendredi par le compte Twitter @shen_shiwei, libellé "média affilié à l'Etat chinois" par le réseau social.
L'AFP n'a pas été en mesure d'établir de manière indépendante à quel moment elles ont été prises.
Une photo montre notamment la joueuse souriante avec un chat dans les bras dans ce qui semble être son domicile.
Le compte Twitter en question - réseau social bloqué en Chine - affirme en anglais que ces photos ont été postées en privé par la joueuse pour souhaiter "bon week-end" à ses contacts.
Hu Xijin, influent rédacteur en chef du quotidien chinois Global Times, affirme avoir confirmation que ces clichés sont "bien des photos actuelles" de Peng Shuai.
"Ces derniers jours, elle est restée chez elle en toute liberté et ne voulait pas être dérangée", affirme-t-il en anglais sur Twitter, précisant que Peng Shuai "se montrera bientôt en public".
Un email
Mercredi, la télévision publique chinoise CGTN avait publié la capture d'écran d'un courriel attribué à Peng Shuai et qu'elle aurait envoyé personnellement à la direction de la WTA.
La chaîne de langue anglaise et destinée au public étranger en dévoile son contenu supposé : les accusations "sont fausses" et Peng Shuai affirme qu'elle "se repose". "Tout va bien. Merci encore d'avoir pris de mes nouvelles" conclut l'email.
Le contenu du message et son authenticité laissent perplexe Steve Simon.
Avec AFP