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Qui sera le premier président de l'Union européenne ?

Le 19 novembre, les Vingt-Sept se réunissent pour élire le président du Conseil de l'Union européenne (UE), dont l'entrée en fonction mettra fin à l'actuel système de présidence tournante. Tour d'horizon des potentiels candidats au poste.

Tony Blair. Grand communicant, charismatique, connu sur la scène internationale, l’ancien Premier ministre britannique a longtemps été considéré comme la personnalité idéale pour porter haut la voix de l’Union européenne dans le monde. Mais, depuis le dernier sommet européen de Bruxelles, l’option Blair semble définitivement enterrée. Son handicap : être, aujourd'hui encore, associé à l'ère George W. Bush et à la guerre en Irak. Son élection est également compromise par le fait que son pays n'est membre ni de la zone euro, ni de l’espace Schengen.

Jan Peter Balkenende. Même si le Premier ministre démocrate-chrétien des Pays-Bas a récemment affirmé qu’il ne se portait pas candidat à la présidence de l’UE, il est considéré comme un potentiel président de compromis. "Harry Potter", comme le surnomment ses compatriotes, pourrait bénéficier de l’appui des petits pays européens. Mais l’homme, austère calviniste, cumule un certain nombre de handicaps qui pourraient avoir raison de sa candidature : son manque de charisme évident, son engagement européen très tiède et les dissensions qui règnent au sein de son propre parti. Lors du référendum organisé en 2005 aux Pays-Bas sur la ratification du traité de Lisbonne, son impopularité a été considérée comme l’un des facteurs déterminants du "non" néerlandais.

Toomas Hendrik-Ilves. Président démocrate-chrétien de l’Estonie depuis 2006, cet homme de 55 ans s’est officiellement porté candidat aux postes de président et de haut représentant pour les Affaires étrangères de l’UE, les deux plus stratégiques - et convoités - créés par le traité de Lisbonne. Quelques mois seulement avant la chute du Mur de Berlin, après avoir fait ses études à l'étranger, il retourne en Estonie, où il a grandi, pour entamer, en 1993, une carrière de diplomate. Trois ans plus tard, il devient ministre des Affaires étrangères. Fervent européen, Toomas Hendrik-Ilves participe activement au processus d’adhésion de son pays à l’UE en 2004. La même année, il est élu vice-président de la Commission des Affaires étrangères au Parlement européen, fonction qu'il quitte en 2006 après son élection à la tête de l'Estonie. Peu après son investiture, il ne manque pas d'affirmer : "L’Estonie doit faire partie des générateurs d’idées en Europe".

Jean-Claude Juncker. L’europhile et indéboulonnable Premier ministre luxembourgeois, également président de l’Eurogroupe, a longtemps fait partie des favoris. Doté d’un rare sens de la formule, Jean-Claude Juncker bénéficie du soutien actif des Belges et des Néerlandais. Mais sa candidature pâtit de sa réaction jugée trop timide face à la crise économique et à la polémique sur le secret bancaire.

Paavo Tapio Lipponen. Fin connaisseur des questions européennes, l’ancien chef du gouvernement finlandais a récemment publié dans le "Financial Times" une tribune sur l’avenir institutionnel de l’Union qui ressemble à s’y méprendre à une déclaration d’intérêt pour le poste de président. À l’instar de Jan Peter Balkenende, ce socialiste de 68 ans pourrait être un bon candidat de compromis, mais il souffre toutefois d’un handicap : son manque de notoriété sur la scène internationale.

Mary Robinson. L’ancienne présidente de l’Irlande est considérée comme une candidate sérieuse à la présidence du Conseil de l’UE. Son atout maître : être une femme, un symbole fort auquel tient particulièrement le président du Parlement européen : Jerzy Buzek. Dotée d’une forte personnalité, Mary Robinson ne se limiterait sûrement pas à un rôle symbolique si elle venait à être élue. À 65 ans, l’Irlandaise a à son avantage une impressionnante carrière. Après son mandat à la présidence de l’Irlande, elle a notamment rejoint l’ONU en tant que haut commissaire pour les Droits de l’homme. Selon le quotidien "Irish Times", elle a cependant affirmé ne pas être candidate et préférerait se consacrer à la lutte contre le réchauffement climatique.

Herman Van Rompuy. Le chef chrétien-démocrate du gouvernement belge fait partie des grands favoris à la présidence. Selon plusieurs médias, Berlin et Paris seraient même prêts à le soutenir. Et pourtant, ce Belge de 62 ans ne s’est pas officiellement porté candidat et n’a jamais parlé publiquement de son éventuelle candidature. Économiste de formation, il est décrit par ses partisans comme un fin négociateur, travailleur et discret. En à peine un an à la tête du gouvernement belge, Herman Van Rompuy réussit à pacifier le pays, après une longue et profonde crise politique. Son succès fait mouche à Bruxelles où, pourtant, il ne s’est pas particulièrement démarqué par son implication en faveur de l’Union. Ses détracteurs le décrivent comme un homme calculateur, cynique et inflexible. "Il peut tuer ses rivaux sans laisser de traces", affirme ainsi un ancien cadre du parti chrétien-démocrate.
 

Vaira Vike-Freiberga. Âgée de 71 ans, l’ex-présidente de la Lettonie (1999-2007) est respectée à travers toute l’Union pour son tempérament de fer. Elle s’est imposée au cours de ses deux mandats comme une autorité morale, dans un pays rongé par l’affairisme et la corruption. "Son histoire personnelle […] la qualifie tout spécialement pour incarner une réconciliation des peuples d'Europe", affirme Simone Veil dans une tribune publiée mi-novembre par le quotidien Le Figaro, qui la décrit comme une "femme dont la hauteur de vue et les qualités morales et intellectuelles sont exceptionnelles". Vaira Vike-Freiberga a surtout vécu à l’étranger. En 1945, ses parents fuient l’avancée de l'Armée rouge et se réfugient en Allemagne, puis au Maroc. Elle étudie au Canada, où elle devient une professeur de psychologie et une scientifique reconnue. Elle retourne dans son pays natal en 1998.
Réputée - et redoutée - pour son franc parler, la Lettonne s’est officiellement déclarée candidate au poste de présidente du l'UE avec fracas. Dans une interview au quotidien espagnol "El Mundo" le 12 novembre, elle compare, notamment, les tractations menées "dans l’obscurité" par les pays membres de l’UE aux "pratiques de l’ex-Union soviétique".

Tarja Halonen. Première femme élue à la tête de la Finlande, cette avocate de formation mène une politique pro-européenne depuis son arrivée au pouvoir en 2000, cessant de mettre la Russie au cœur de la diplomatie finlandaise. Féministe convaincue, elle défend ardemment l’État-providence et les droits des minorités, s’engageant notamment dans la lutte pour les droits des homosexuels. Elle a présidé l’UE en 2006 dans le cadre de la présidence tournante de l'organisation et figure chaque année en bonne place du classement des femmes les plus puissantes de la planète publié par le magazine américain "Forbes".