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Emmanuel Macron au Quai Branly : "Redonner à la jeunesse africaine une partie de son patrimoine"

Emmanuel Macron a présidé mercredi, au musée du quai Branly-Jacques Chirac, la cérémonie organisée pour la restitution de 26 œuvres des trésors royaux d'Abomey à la République du Bénin, présentes en France depuis 130 ans.

La France actait, mercredi 27 octobre, la restitution au Bénin de 26 œuvres des trésors royaux d'Abomey, conservées jusqu'ici au musée du quai Branly. Le président Emmanuel Macron s'est rendu sur place pour l'occasion, afin de présider la cérémonie de restitution. 

Ce "retour au bercail" de ces œuvres emblématiques devrait être définitif le 9 novembre lorsqu'elles quitteront Paris en avion cargo. Quelques heures avant, Emmanuel Macron recevra à l'Élysée son homologue béninois, Patrice Talon, pour valider "formellement leur transfert de propriété", a-t-il annoncé.

Après avoir vu les 26 œuvres d'art, réunies dans une exposition visible une semaine, Emmanuel Macron a jugé "particulièrement émouvant" de participer à "cette cérémonie d'adieu comme diraient certains, de retrouvailles" plutôt pour "ces œuvres attendues depuis longtemps" au Bénin.

Une nouvelle ère de "coopération"

"Cette restitution c'est plus qu'une restitution, c'est tout un programme de coopération qui doit permettre de renforcer nos liens, de créer de nouvelles opportunités d'échanges, de rencontres, de projets", a insisté le président lors de son allocution au musée du quai Branly devant plusieurs représentants politiques et culturels béninois. 

C'est "une page des relations franco-béninoises qui s'ouvre aujourd'hui", a renchéri le ministre béninois des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci, présent au musée. En se félicitant que les deux pays offrent ainsi "un modèle de coopération qui se veut exemplaire" au niveau international.

Parmi les ces œuvres, figurent des statues totem de l'ancien royaume d'Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d'Abomey par les troupes coloniales en 1892.

Le directeur du musée, Emmanuel Kasarhérou, a évoqué sa "grande joie" de remettre ces pièces à des "mains expertes" au Bénin, soulignant l'importance "que le patrimoine de chaque pays soit suffisamment représenté dans chaque pays".

Emmanuel Macron au Quai Branly : "Redonner à la jeunesse africaine une partie de son patrimoine"

Emmanuel Macron a également rappelé un des objectifs principaux de cette restitution, celui de "redonner à la jeunesse africaine accès à son patrimoine". "Toute jeunesse a besoin de s'approprier l'histoire de son pays pour mieux bâtier son futur", a-t-il ajouté.  

Un processus long

Le chef de l'État français s'était engagé, lors d'un discours à l'université de Ouagadougou (Burkina Faso), en novembre 2017, à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en France.

Sur la base d'un rapport remis par les universitaires sénégalais et française Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, il avait décidé de rendre 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin.

"Qui aurait pu imaginer il y a quatre ans, la restitution des pièces les plus prestigieuses, les plus belles, les plus connues du Bénin ? Personne (...) C'est un événement exceptionnel", a salué Bénédicte Savoy. En notant que la France, "si longtemps sourde aux demandes de l'Afrique", devient ainsi "le premier pays du monde à restituer" des œuvres à un pays africain.

Leur rapport avait dressé un calendrier de restitutions et un inventaire des dizaines de milliers d'objets que les colons ont ramenés d'Afrique.

Il avait été salué mais aussi critiqué par certains directeurs de musées, soucieux de la "circulation des œuvres" au "caractère universel".

"Pas le fait du prince"

Finalement, une loi avait été votée en décembre 2020, permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu'elles avaient fait l'objet de pillages caractérisés, rendant possible ces restitutions.

Avec la restitution au Bénin, "il n'y a pas de fait du prince, encore moins d'un président", a affirmé, mercredi, Emmanuel Macron, en soulignant qu'elle s'inscrivait dans sa politique de relancer les relations franco-africaines sur de nouvelles bases.

Sans entrer dans les détails, il a indiqué la nécessité de "définir une nouvelle loi" pour "établir une doctrine et des règles précises" pour que se poursuive le processus de restitutions. Même si, a-t-il précisé, "le but n'est pas de renationaliser les patrimoines" et de "se débarrasser de toutes les œuvres" venues de l'étranger.

Deux conservateurs béninois sont en France depuis plus d'une semaine pour organiser le retour des œuvres, selon Emmanuel Kasarhérou.

Au Bénin, elles iront d'abord "dans un lieu de stockage. Puis elles seront présentées dans d'autres lieux de manière pérenne : à l'ancien fort portugais de Ouidah et la maison du gouverneur, lieux historiques de l'esclavage et de la colonisation européenne, situés sur la côte, en attendant la construction d'un nouveau musée à Abomey".

Selon des experts, 85 à 90 % du patrimoine africain serait hors du continent. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays - Sénégal, Côte d'Ivoire, Éthiopie, Tchad, Mali, Madagascar - ont soumis des demandes de restitutions.

Au moins 90 000 objets d'art d'Afrique sub-saharienne sont dans les collections publiques françaises dont 70 000 d'entre elles au Quai Branly, 46 000 arrivées durant la période coloniale.

Avec AFP 

Tags: France, Bénin, Art,