L'homme d'affaires et ancien Premier ministre thaïlandais en exil, Thaksin Shinawatra, est arrivé, mardi, au Cambodge, où il a été nommé conseiller du chef du gouvernement Hun Sen. Au grand dam de Bangkok.
AFP - L'ex-Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, qui fuit une condamnation à deux ans de prison pour corruption dans son pays, est arrivé mardi au Cambodge voisin où il vient d'être nommé conseiller du Premier ministre Hun Sen, a constaté un photographe de l'AFP.
Thaksin doit tenir une conférence jeudi devant des experts économiques cambodgiens, quelques jours après sa nomination considérée par la Thaïlande comme une véritable provocation.
Les deux pays ont depuis rappelé leurs ambassadeurs respectifs.
L'homme d'affaires est arrivé à l'aéroport international de Phnom Penh dans un avion privé avant de gagner le centre-ville sous la protection d'une escorte.
Thaksin, adulé par les couches rurales et populaires thaïlandaises mais détesté par les élites traditionnelles de Bangkok, avait été chassé du pouvoir par un coup d'Etat en 2006, puis condamné in abstentia à deux ans de prison en 2008 pour des malversations financières.
Il vit actuellement à Dubaï, selon ses partisans. C'est la première fois depuis sa condamnation qu'il séjourne à découvert si près de la Thaïlande.
Lundi, Thaksin a pimenté plus encore la controverse en accordant un entretien au quotidien britannique The Times, réclamant des réformes politiques en Thaïlande.
Tout en estimant que le roi Bhumibol, 81 ans, se maintenait "au dessus" des querelles politiques thaïlandaises, il a fustigé les "cercles" d'influence qui agissent, selon lui, autour du monarque, figure immensément révérée dans le pays.
Le gouvernement l'a aussitôt accusé d'outrage à la monarchie. Le roi est protégé par une des lois les plus sévères au monde contre le crime de lèse-majesté, passible de 15 ans de prison.
Dans un message aux Thaïlandais publié sur son site internet dans la nuit de lundi à mardi, Thaksin a demandé au gouvernement d'Abhisit Vejjajiva de "cesser de chercher un bouc émissaire" et de "commencer à travailler pour résoudre les problèmes" de la Thaïlande.
Bangkok a indiqué lundi que la demande d'extradition de Thaksin était prête à être envoyée à Phnom Penh.
"Nous ne l'extraderons pas. Nous avons déjà clarifié cette question car c'est une victime politique", a indiqué mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères cambodgien, Kuoy Kong.