Dans la capitale afghane, des femmes ont battu le pavé, vendredi, pour revendiquer leurs droits, alors que l'annonce du nouveau gouvernement, sur lequel les Taliban sont attendus au tournant après leur promesse d'ouverture, a été reportée.
Toujours pas de nouveau gouvernement en Afghanistan. Les Taliban ont toutefois laissé entendre qu'il "pourrait ne pas y avoir" de femmes à des postes à responsabilité. Des militantes afghanes sont descendues dans les rues de Kaboul, vendredi 3 septembre, pour réclamer la participation des femmes aux consultations en cours.
Il ne faut s'attendre à aucun développement à ce sujet avant samedi au plus tôt, a affirmé un porte-parole des Taliban alors que des sources talibanes avaient indiqué que la composition du nouveau gouvernement pourrait être annoncée dès vendredi, après la prière.
De retour au pouvoir 20 ans après en avoir été chassés par une coalition emmenée par les États-Unis, les Taliban ont promis la mise en place d'un gouvernement "inclusif" et ont multiplié, depuis leur prise de Kaboul le 15 août, les déclarations d'ouverture visant à rassurer la population et la communauté internationale.
Quid des femmes ?
Les appels à intégrer les femmes au sein du nouvel exécutif devraient toutefois rester lettre morte. Sher Mohammad Abbas Stanekzai a laissé entendre qu'il "pourrait ne pas y avoir" de femmes ministres ou à des postes à responsabilité, jugeant cette option possible uniquement à des échelons inférieurs.
En réaction, une cinquantaine de militantes afghanes sont descendues dans la rue jeudi à Hérat, capitale de l'Ouest, et vendredi à Kaboul pour réclamer la participation des femmes aux consultations en cours.
"Nous, les femmes afghanes, nous avons travaillé dur depuis 20 ans." affirme Hasina Bakhtaru, dans le cortège de Kaboul. "Nous avons étudié et nous nous sommes particulièrement investies dans l'éducation. Mais nous serons sûrement écartées du gouvernement. Nous voulons le retour de nos droits. "
"Nous savons que les femmes constituent la majorité de la population afghane", exulte Samira Khairkhah, participante à la manifestation, "Si nous n'avons pas de rôle dans l'éducation, la santé et la politique, alors le monde ne nous reconnaîtra pas. Il n'entendra pas notre voix".
La composition du nouvel exécutif fera donc figure de test quant à la volonté réelle de changement affiché par les islamistes, dont le premier passage au pouvoir (1996-2001) avait été marqué par une politique brutale à l'égard des femmes et des opposants politiques.
Avec AFP