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En France, sixième samedi de mobilisation des opposants au passe sanitaire

De Lille à Nice, en passant par Bordeaux, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi à travers la France contre le passe sanitaire et toute obligation vaccinale anti-Covid. À Paris, un rassemblement à l'appel de Florian Philippot était dédié à la défense de l'infectiologue Didier Raoult.

À l'approche de la rentrée, les opposants au passe sanitaire et à toute obligation vaccinale contre le Covid-19 ont manifesté dans le calme, samedi 21 août, à travers la France, beaucoup rejetant farouchement la vaccination des enfants et adolescents.

À 19 h, le ministère avait recensé 220 manifestations sur l'ensemble du territoire. Les cortèges ont rassemblé dans le pays 175 503 personnes, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contre 214 845 manifestants la semaine précédente, un chiffre qui était déjà en baisse. Le collectif militant Le nombre jaune, qui publie un décompte ville par ville, a, de son côté, recensé 357 100 manifestants "minimum" en France, contre 388 843 manifestants la semaine passée.

Les défilés de ce sixième week-end de mobilisation consécutif n'ont pas donné lieu à des débordements. Vingt personnes, dont deux à Paris placées en garde à vue, ont été interpellées et un membre des forces de l'ordre a été blessé, a précisé la place Beauvau.

Selon les autorités, ils étaient 4 100 à manifester à Strasbourg, 4 000 à Marseille, 3 400 à Bordeaux et à Toulouse, 3 000 à Bayonne, 2 600 sur l'île de La Réunion, 2 500 à Nice et à Aix-en-Provence ou encore 2 300 à Nantes. Les préfectures ont constaté un reflux à Toulon (avec 6 000 participants) mais une augmentation à Montpellier (9 500).

PARIS - Manifestation contre le #PassSanitaire : importante mobilisation pour le 6eme samedi consécutif en plein été.

« Liberté, vérité ! »#Manifs21aout #manifestations21aout pic.twitter.com/ByN1cMUF1L

— Clément Lanot (@ClementLanot) August 21, 2021

Encore très fourni, le cortège nicois contre le #PassSanitaire arrive place Masséna.#Nice pic.twitter.com/UtAiK9nNvA

— France Bleu Azur (@francebleuazur) August 21, 2021

Dans le centre de la petite ville de Pau (77 000 habitants), au moins 2 700 personnes selon la police ont manifesté en matinée, dont une des figures emblématiques du mouvement des Gilets jaunes, Jérôme Rodrigues, qui a publiquement déclaré : "Vaccinez-vous si vous voulez, mais on est contre un passe à l'hôpital ou pour aller faire ses courses, on demande l'abrogation de la loi."

Le passe sanitaire a été étendu depuis lundi à plus de 120 grands centres commerciaux et magasins de région parisienne et de la moitié sud de la France. Il peut s'agir d'une preuve de vaccination complète, d'un test antigénique de moins de 72 heures ou d'une preuve de maladie dans les six derniers mois.

Le cortège qui a défilé à Lille, réunissant 3 200 personnes selon la préfecture, avançait derrière la pancarte "Dégageons Macron avec son passe et ses réformes à la con". À Paris, les manifestants se divisaient en quatre rassemblements, dont deux à l'initiative de collectifs de Gilets jaunes et un autre à l'appel de Florian Philippot, ex-numéro 2 du Front national, chef de file des "Patriotes".

Place du Châtelet, quelques centaines de manifestants vêtus de blanc avaient répondu à l'appel de l'ancienne Gilet jaune Sophie Tissier. "Le gouvernement va bientôt pouvoir savoir si on a été faire pipi au cinéma, ou si on a été faire nos courses", a-t-elle lancé, redoutant qu'on aille "vers un contrôle permanent des citoyens".

Flambée du Covid-19 aux Antilles

Parmi les manifestants, bon nombre de parents et grands-parents s'inquiétaient de l'éventuelle extension de la vaccination aux enfants de moins de 12 ans. Cette mesure n'est "pas d'actualité" en France, a assuré jeudi le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer. Les 12-17 ans peuvent se faire vacciner depuis la mi-juin et 55 % d'entre eux ont déjà reçu une dose.

Des manifestants scandaient ainsi "Ne touchez pas à nos enfants" en tête du cortège à Bordeaux, tandis qu'à Lille, José Mata, professeur de 57 ans et grand-père, n'était pas convaincu par les discours officiels ni scientifiques et s'interrogeait : "Avec ce nouveau vaccin, même si le risque est peu élevé, il y a un risque quand même. On ne donne pas n'importe quel médicament aux enfants (...), alors pourquoi un nouveau vaccin ?"

"L'obligation vaccinale serait légitime face à la peste mais on n'a pas des charrettes de cadavres dans la rue", a dit aussi à l'AFP un cadre de 45 ans, Cédric, venu de Normandie manifester à Paris à l'appel de Florian Philippot.

Plus de 800 personnes atteintes du Covid-19 ont été hospitalisées au cours des dernières 24 heures, dont 165 en soins critiques, des admissions qui se concentrent en Martinique, en Guadeloupe et dans les Bouches-du-Rhône, selon les chiffres de Santé publique France communiqués samedi. Le CHU de Guadeloupe bat le rappel de tout son personnel et, selon un communiqué du préfet de région, "60 décès supplémentaires sont à déplorer" depuis lundi.

En Polynésie française, les écoles, collèges et lycées vont fermer dès lundi, car "la propagation du virus Delta au sein des établissements scolaires (...) nécessite une réaction forte", selon le président de l'archipel, Édouard Fritch.

Vendredi, le Premier ministre, en déplacement au centre hospitalier d'Étampes, dans l'Essonne, y avait souligné qu'aucun des cinq malades admis en réanimation n'était vacciné, y voyant "la preuve par l'exemple". "C'est toujours le même profil : (des malades) plus jeunes et non vaccinés", avait insisté Jean Castex.

Un rassemblement "dédié" au professeur Raoult

À Paris, Florian Philippot a "dédié" la manifestation à son appel au professeur Didier Raoult – promoteur d'un traitement très controversé des malades du Covid-19 – alors que le slogan "Touche pas à Raoult" apparaissait parmi les drapeaux français.

"Ils veulent honteusement l'évincer !", a-t-il lancé au micro, en allusion aux déclarations du directeur-général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille qui ne souhaite pas reconduire l'infectiologue de 69 ans à la tête de l'IHU Méditerranée Infection.

Plusieurs milliers de manifestants marseillais se sont rendus devant l'institut hospitalo-universitaire pour exprimer leur soutien au professeur Didier Raoult. 

Avec AFP