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Marches du Hirak : l'Algérie impose des conditions aux manifestations

Les marches hebdomadaires du Hirak, le mouvement de contestation antirégime en Algérie, doivent faire l'objet d'une "déclaration" préalable auprès des autorités, mentionnant notamment l'itinéraire de la manifestation, a rappelé dimanche le ministère de l'Intérieur après un changement de parcours inopiné vendredi. 

Toute manifestation en Algérie sera désormais interdite si elle ne bénéficie pas d'une autorisation préalable, qui sera délivrée à la condition que les organisateurs communiquent leur identité ainsi que les horaires de début et de fin du rassemblement, a annoncé le gouvernement dimanche 9 juin.

"Les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des organisateurs de la marche, des heures de début et de fin, de l'itinéraire et des slogans", a souligné le ministère dans un communiqué diffusé par l'agence officielle APS. Le non-respect de ces procédures "dénue la marche de tout caractère légal" et "implique un traitement en conséquence", est-il ajouté.

Ces restrictions, conformes à la nouvelle Constitution adoptée par référendum en novembre avec seulement 25 % de participation, semblent viser les manifestations organisées chaque vendredi depuis février dans le prolongement du mouvement du "Hirak" né en 2019 contre l'élite au pouvoir, qui a abouti à la mise à l'écart du président Abdelaziz Bouteflika. 

Cette contestation se veut précisément sans leader identifié, contrairement aux nouvelles exigences sur l'organisation des manifestations. 

Un changement de parcours

Pour la première fois depuis la reprise des marches du Hirak en février, les manifestants ont changé vendredi de parcours pour contourner les nombreux cordons et véhicules de police qui barraient l'accès à la grande artère Didouche Mourad, près de la Grande Poste, lieu emblématique de rassemblement des hirakistes à Alger.

Après la prière du vendredi, le cortège venant du quartier populaire de Bab El-oued, un des fiefs de la contestation, s'est dirigé vers Belouizdad (ex-quartier Belcourt), autre bastion du Hirak, au lieu de rallier, comme chaque vendredi, le centre-ville.

"Il a été constaté récemment que les marches hebdomadaires commencent à enregistrer de graves dérapages (...) du fait d'individus changeant, à tout moment, l'itinéraire sous prétexte d'être libres de marcher dans n'importe quelle direction", a dénoncé le ministère de l'Intérieur.

Le 30 avril, la police avait dispersé à coups de matraques la marche du Hirak à Alger et procédé à plusieurs arrestations. La plupart des personnes interpellées ont été relâchées.

À l'approche des élections législatives anticipées du 12 juin, rejetées par le Hirak, la répression s'accroît en Algérie, estiment les organisations de défense des droits humains. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association d'entraide, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.

Dans un communiqué publié vendredi, Amnesty International a qualifié d'"inacceptables le recours illégal à la force et les détentions arbitraires".

Avec AFP et Reuters