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Le gouverneur de Bagdad a insisté, lundi, sur le rôle des services de sécurité dans le double attentat de dimanche à Bagdad, qui a causé la mort de 155 personnes. Ils se sont rendus coupables, selon lui, de "négligence" ou de "complicité".

AFP -  Le double attentat meurtrier contre des bâtiments gouvernementaux à Bagdad a suscité lundi une polémique sur le rôle des services de sécurité, l'éventuelle implication de pays voisins et même sur le bilan des victimes.

Parallèlement, les dirigeants politiques sont arrivés à un compromis amendant la loi électorale en prévision des prochaines élections générales.

Le gouverneur de Bagdad a insisté sur la responsabilité des forces de sécurité dans les attentats qui ont visé dimanche le ministère de la Justice et le siège du gouvernorat de la capitale, faisant une centaine de morts.

"Il s'agit d'une faute humaine. Une caméra fixée sur le bâtiment du ministère de la Justice (visé par l'attaque) a filmé l'attentat suicide. C'était un camion Renault blanc de la compagnie d'eau de Fallouja. Comment a-t-il pu arriver jusqu'ici et passer tous les barrages ?", a-t-il demandé.

"Il s'agit ou d'une négligence (des services de sécurité) ou le chauffeur bénéficiait de complicités. L'enquête doit nous le dire", a souligné Salah Abdel Razak.

La ville sunnite de Fallouja, à 60 km à à l'ouest de Bagdad, fut longtemps la place forte de l'insurrection et notamment d'Al-Qaïda.

Le gouverneur a indiqué que des sonars mobiles seraient mis en place et que des rues menant à des ministères seraient fermées dans le centre de Bagdad.

Des accusation identiques avaient été adressées aux services de sécurité, dont plusieurs reponsables avaient été mis aux arrêts, après le double attentat du 19 août contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances qui avait causé la mort d'une centaine de personnes.

Le député sadriste Baha al-Araji a accusé pour sa part le ministère de la Santé de chercher à réduire le bilan des victimes. "Il ne connaît pas le nombre des morts", a-t-il affirmé à la télevison

Selon ce ministère, les deux attentats ont fait 99 morts alors que selon une source du ministère de l'Intérieur, 155 personnes ont péri.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki a évoqué des responsabilités externes.

"Je me pose la question : l'Irak est-il encore une dictature ? L'Irak cherche-t-il a attaquer ses voisins ? Alors pourquoi font-ils ceci ? (...) Nous leur disons : la honte vous poursuivra pour avoir tué des innocents", a-t-il lancé.

Mais les adversaires du Premier ministre ont jugé facile de se défausser sur les pays voisins.

"Accuser des parties extérieures, c'est un moyen pour le gouvernement de fuir ses responsabilités", a affirmé Jalal Eddine al-Saghir, un chef du Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII), parti chiite concurrent.

La provenance des explosifs est également sujette à controverse. Le général Mohammad al-Askari, porte-parole du ministère de la Défense, a annoncé que "les produits chimiques qui ont servi aux attentats venaient d'un pays voisin".

Mais pour le chef des garde-frontières irakiens, le général Mohsen al-Qaabi c'est peu probable. "Jusqu'en 2006, les frontières étaient ouvertes mais après cette date, avec l'accroissement des postes de contrôle, il est devenu difficile de faire entrer des explosifs et des voitures piégées", a-t-il dit sur la chaîne Arabiya.

Dans la soirée, la police a tiré en l'air pour éloigner des individus qui tentaient de pénétrer dans le ministère de la Justice pour le piller, selon le ministère de l'Interieur.

Par ailleurs, les dirigeants politiques se sont mis d'accord sur un compromis amendant la loi électorale en prévision des élections générales du 16 janvier, a affirmé à l'AFP le vice-président du Parlement, Khaled al-Atiyya.

"Un accord a été trouvé sur une proposition d'amendement à la loi électorale. La direction du Parlement va la présenter mardi aux dirigeants des groupes parlementaires et s'il y a un accord, la loi sera présentée au vote  des députés", a-t-il dit, sans préciser le contenu de l'accord.