Le procès pour corruption du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a repris lundi, alors que débutent les consultations du président, après les législatives, visant à désigner un candidat pour former un nouveau gouvernement.
Une semaine cruciale débute pour l'avenir politique du Premier ministre israélien. Le procès pour corruption de Benjamin Netanyahu a repris lundi 5 avril, alors que s'ouvrent des consultations post-élections législatives afin que le président désigne un candidat pour former le prochain gouvernement.
Devant le tribunal de district de Jérusalem, en présence du Premier ministre, la procureur principal Liat Ben-Ari, a accusé Benjamin Netanyahu d'avoir usé de son pouvoir de façon "illégitime", au bénéfice de ses "affaires personnelles".
Les juges ont convoqué le dirigeant de 71 ans (dont quinze années passées au pouvoir), devant la justice pour les déclarations liminaires du parquet, nouvelle étape du premier procès d'un chef de gouvernement israélien en fonctions de l'histoire de l'État hébreu.
Benjamin Netanyahu est accusé de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires, des accusations qu'il nie fermement.
Pendant ce temps, le président israël Reuven Rivlin entamera à quelques kilomètres du tribunal des discussions de deux jours avec des responsables de partis, déterminantes pour l'avenir politique de Benjamin Netanyahu.
Le Likoud, parti de droite du Premier ministre, est arrivé en tête des élections législatives du 23 mars – les quatrièmes en moins de deux ans – avec 30 sièges sur 120 à la Knesset.
Mais ce résultat, combiné à celui de ses alliés naturels, ne lui assure pas la majorité de 61 sièges pour former un gouvernement stable. Et face à lui, de nombreuses formations sont décidées à mettre fin à ses douze ans d'affilée de règne.
Mais faute de leader commun dans ce camp, Benjamin Netanyahu pourrait toutefois obtenir le plus de recommandations, avec le soutien de seize députés des partis ultra-orthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah, et six de l'alliance d'extrême droite Sionisme religieux.
Habituellement, le candidat qui obtient le plus de recommandations est désigné et dispose de vingt-huit jours pour former un gouvernement, délai qui peut être allongé de quatorze jours par le président.
Mais Reuven Rivlin a sous-entendu la semaine dernière que les calculs de sièges pourraient ne pas être le seul facteur déterminant sa décision et qu'il nommerait mercredi un député capable de former un gouvernement qui "guérira[it] les divisions […] et reconstruira la société".
Une coalition anti-Netanyahu ?
"Des coalitions hors du commun" pourraient être nécessaires pour sortir Israël de l'impasse, a ajouté le président.
Étant donné l'acrimonie ouverte qui a régné par le passé entre Benjamin Netanyahu et Reuven Rivlin, le Likoud a interprété ces déclarations comme un signe de soutien tacite au camp anti-Bibi, surnom donné au Premier ministre par ses supporters.
Membre du Likoud quand il était député, Reuven Rivlin a été accusé par le parti d'outrepasser ses fonctions, surtout honorifiques.
Dans le bloc opposé au Premier ministre, le centriste Yaïr Lapid mène la danse avec 17 sièges pour son parti Yesh Atid.
Mais la formation d'une coalition anti-Netanyahu nécessiterait une alliance improbable entre Yaïr Lapid, Gideon Saar, ancien ministre conservateur de Benjamin Netanyahu, Naftali Bennett, chef de file de la droite radicale et ancien allié du Premier ministre, et d'autres partis du centre et de gauche.
Surprise du scrutin, la formation d'un gouvernement apparaît impossible des deux côtés sans un ultime soutien : celui du parti islamiste Raam de Mansour Abbas qui a remporté quatre sièges et s'est dit ouvert aux discussions avec les deux camps.
Mais le parti Sionisme religieux a déjà exclu de participer à un gouvernement aux côtés de Mansour Raam, compliquant la tâche du Premier ministre sortant.
Si aucun des deux camps n'arrive à former de coalition, de nouvelles élections pourraient être convoquées, prolongeant la crise.
Dans l'immédiat, le procès de Benjamin Netanyahu ne menace pas ses ambitions puisqu'il n'aurait à démissionner qu'en cas de condamnation définitive et l'épuisement de tous les recours pourrait prendre des années.
La procédure entre toutefois lundi dans une phase plus intense avec la présentation des preuves.
Benjamin Netanyahu pourra quitter le tribunal après les déclarations liminaires du parquet, quand l'audition des témoins commencera.
Il pourrait alors se retrouver face à des manifestants qui réclament sa démission depuis des mois, en se réunissant chaque semaine devant sa résidence et devant le tribunal à chaque audience.
Avec AFP