Comme il l'avait annoncé, Radovan Karadzic boycotte l'ouverture de son procès à La Haye. L'ex-chef politique des Serbes de Bosnie ayant choisi de se défendre seul, personne n'est présent pour le représenter. Il est notamment accusé de génocide.
Quatorze ans après la fin de la guerre de Bosnie, le procès pour génocide de Radovan Karadzic, accusé d’être le cerveau de cette guerre qui a fait 100 000 morts entre 1992 et 1995, s'est ouvert ce lundi à La Haye devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Sous le coup de onze chefs d'inculpation, dont celui de génocide, de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, le principal artisan de la"purification ethnique" en Bosnie risque la perpétuité.
Mais ce procès s'est ouvert sur un coup de théâtre orchestré par l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie : Karadzic a décidé de boycotter le procès - qui a donc commencé en son absence - arguant qu'il n’était pas "prêt". Il demande plus de temps pour préparer sa défense. "Aucun avocat au monde n'aurait pu se préparer pendant cette période de temps, explique Karadzic. Ce procès, qui est le plus gigantesque, aurait dû recevoir au moins le temps de préparation moyen qui est de presque deux ans."
"En fait, Radovan Karadzic a eu 15 ans pour se préparer, rappelle de son côté Florence Hartmann, ancienne porte-parole du TPIY, interrogée par FRANCE 24. Il a été inculpé par le TPI pour génocide dès 1995."
Massacre de Srebrenica
Arrêté en juillet 2008 à Belgrade après treize ans de cavale, Radovan Karadzic a décidé de plaider non coupable et de se défendre seul, sans avocat. En son absence, il n'a donc pour le moment aucun représentant à son procès.
Face à cette situation, le tribunal se trouve face à un "vide juridique", précise Cyril Vanier, l'envoyé spécial de FRANCE 24 à La Haye. Les juges pourraient, par exemple, désigner un avocat commis d’office, "mais cela voudrait dire ajourner le procès de plusieurs mois le temps que ce dernier prenne connaissance du dossier", explique Cyril Vanier. Ils pourraient aussi choisir l’un des avocats qui l’aident en coulisses, "mais Radovan Karadzic a indiqué qu’il n’accepterait pas". Autre possibilité : le tribunal pourrait accorder à l’accusé quelques mois supplémentaires.
Radovan Karadzic est notamment accusé d’être responsable du massacre de Srebrenica en juillet 1995, au cours duquel près de 8 000 personnes ont été tuées, ainsi que des crimes commis durant le siège de Sarajevo, qui a coûté la vie à 10 000 personnes.