Des centaines de personnes ont de nouveau manifesté samedi en Turquie. Elles protestent contre le retrait du pays de la Convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes pour prévenir les violences faites aux femmes.
C'est une décision du président Recep Tayyip Erdogan qui provoque la colère d'une partie de la société turque. Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue samedi 27 mars, pour le deuxième week-end consécutif, afin de protester contre le retrait de la Turquie du premier traité contraignant au monde pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Samedi dernier déjà, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté en Turquie pour demander au président de revenir sur sa décision. Dans un décret publié dans la nuit précédente, Recep Tayyip Erdogan avait annoncé le retrait de son pays de la Convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes dans une trentaine de pays pour prévenir la violence sexiste.
Cette décision, prise alors que les féminicides n'ont cessé d'augmenter depuis une décennie en Turquie, a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes ainsi que des critiques de l'Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU.
Justifiant la décision de se retirer, la présidence turque a affirmé la semaine dernière que l'instrument avait été "détourné par un groupe de personnes tentant de normaliser l'homosexualité", ce qui, selon elle, était "incompatible" avec les "valeurs sociales et familiales" de la Turquie.
300 femmes tuées en 2020
Dans le quartier de Kadiköy à Istanbul, des centaines de femmes ont de nouveau exhorté samedi le président turc à faire marche arrière, a constaté un correspondant de l'AFP.
À Ankara, un petit groupe de femmes a manifesté dans le centre-ville, entouré par la police antiémeute.
Dans la capitale turque comme à Istanbul, des chants de "nous n'avons pas peur, nous ne resterons pas silencieux, nous n'obéirons pas" ont été entendus.
L'annonce de la mort d'une jeune fille enceinte de 17 ans, poignardée dans la province égéenne d'Izmir selon l'agence de presse officielle Anadolu, suscitait samedi un grand émoi. Le suspect serait l'homme avec lequel elle vivait.
En 2020, 300 femmes ont été assassinées en Turquie et il n'y a aucun signe de ralentissement de cette tendance, avec 87 femmes tuées jusqu'à présent cette année, selon le groupe de défense des droits des femmes We Will Stop Femicide Platform.
Avec AFP