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Polémique autour d'une subvention pour la construction d'une mosquée à Strasbourg

L'adoption lundi d'une subvention pour la construction à Strasbourg d'une mosquée, soutenue par une association proturque, a fait réagir le ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin dénonce le "financement d'une ingérence étrangère".

Gérald Darmanin dénonce "une ingérence nationaliste". Le ministre de l'Intérieur a vivement réagi, mercredi 24 mars, à la subvention accordée lundi par la mairie de Strasbourg à la construction d'une mosquée soutenue par l'association proturque Milli Görüs.

Invité de RMC/BFMTV, le ministre de l'Intérieur s'est inscrit en faux contre des déclarations de la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, assurant que Gérald Darmanin ne l'avait pas prévenue de ses réticences à l'égard de la fédération Milli Görüs.

"J'ai eu l'occasion de dire à la maire de Strasbourg (...) que nous ne trouvions pas ça pour le moins amical avec les intérêts français", a-t-il assuré, expliquant que "cette fédération proturque n'a pas voulu signer la charte des valeurs de la République".

"Nous considérons, nous, que cette association, n'est plus capable d'être dans le monde représentatif de l'islam de France", a poursuivi le ministre.

Une association "contre les valeurs" de la République

Ces déclarations de Gérald Darmanin interviennent après que le président, Emmanuel Macron, a mis en garde mardi sur France 5 contre des tentatives d'ingérence de la part de la Turquie dans la prochaine élection présidentielle française.

Le ministre a affirmé qu'il y avait, "particulièrement à Strasbourg, (...) des tentatives d'ingérence extrêmement fortes dans notre pays, de la part notamment de la Turquie".

"Nous avons un certain nombre d'indices montrant que le gouvernement turc souhaite s'ingérer dans les histoires françaises et notamment religieuses", a-t-il dit.

"Nous considérons que cette collectivité [la mairie de Strasbourg, NDLR] n'aurait pas dû financer une ingérence étrangère sur notre sol", a martelé le ministre.

Gérald Darmanin a fait valoir que Milli Görüs avait, selon ses "informations", "cherché de l'argent ailleurs, notamment au Qatar".

"Nous considérons, nous, que nous ne pouvons plus traiter avec ces associations qui sont contre les valeurs" de la République, a insisté le ministre, soulignant que d'autres fédérations du Conseil français du culte musulman (CFCM) avaient également refusé de signer la charte de la République.

Les Verts soutiennent leur élue à Strasbourg

La numéro 2 des Verts, Sandra Regol, a défendu Jeanne Barseghian sur BFMTV mercredi : "Cette mosquée a été lancée par l'ancienne municipalité, la première pierre a été posée en 2017, il me semble que le président était déjà Emmanuel Macron, que le préfet était (le même), et à ce moment-là l'association n'était pas considérée comme un problème."

Selon elle, l'édile strasbourgeoise, "pour lutter contre le terrorisme qui pourrait utiliser les mosquées clandestines pour ses réseaux, a choisi de mettre en place des structures suivies par des associations et la mairie, permettant d'avoir un islam vivant et respectueux des valeurs de la République".

Au-delà de cette nouvelle attaque de l'exécutif, "cela devient lassant de monter de toutes pièces contre les écolos des affaires qui n'existent pas", estime-t-elle.

Avec AFP