Le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma, a accordé un entretien à France 24. Depuis Bamako, il explique voir dans le dialogue national mis en place au Mali avec les chefs jihadistes "la volonté des Maliens". Particulièrement inquiet de la dégradation de la situation sécuritaire au centre du pays, il salue toutefois une "nouvelle dynamique" insufflée par l’accession au pouvoir des militaires en août 2020 et la mise en œuvre des accords d’Alger de 2015. Ces accords constituent, selon notre invité, un prérequis "extrêmement important" pour "une paix durable au Mali".
Lors d’un entretien pour France 24, le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, s’est dit particulièrement inquiet de la dégradation de la situation sécuritaire dans le centre du Mali. Il déplore l’aggravation des tensions intercommunautaires par le chef jihadiste Amadou Kouffa et par des milices d’auto-défense. Il estime toutefois que la guerre civile peut être évitée, et que des actions de conciliation entre communautés accompagnées par l’ONU laissent espérer que ces tensions puissent se calmer.
Il s’est exprimé au sujet du dialogue avec Amadou Kouffa et l’autre leader jihadiste, Iyad Ag-Ghali, qui divise les autorités françaises est maliennes. Mahamat Saleh Annadif souligne que les Maliens, à travers le dialogue national inclusif de 2019 notamment, ont clairement décidé que la voie du dialogue était la seule capable de mettre fin aux violences. "L’état d’esprit des Maliens est qu’il faut parler avec ces gens-là", précise-t-il. Selon lui, le calendrier de la transition, qui prévoit des élections dans un an, est réaliste.
Notre invité estime toutefois que des réformes profondes sont nécessaires pour parvenir à organiser des élections en bonne et due forme. Mahamat Saleh Annadif affirme que les militaires qui tiennent le pouvoir ont réussi à enclencher une véritable dynamique avec les groupes rebelles signataires des accords d’Alger de 2015. Une véritable mise en œuvre de ces accords pourrait se concrétiser d’ici la fin de la période transition, selon lui.
Enfin, le diplomate tchadien annonce que l’ONU va publier d’ici quelques jours un rapport sur le bombardement controversé par l’armée française d’un village dans la région de Bounti, tout en refusant de s’exprimer sur son contenu.