En un an, plus de 300 000 New-yorkais ont perdu leur emploi. La crise fait des ravages mais elle offre aussi de nouvelles perspectives, dans une ville qui fait toujours rêver. Reportage de nos envoyés spéciaux Willy Bracciano et Cyril Vanier.
Il est 11 heures, Lionel est dans son taxi. Debout depuis 4 heures du matin, ce chauffeur de taxi n’a conduit que onze clients. Cet Haïtien est arrivé il y a 42 ans à New-York. Lionel se souvient encore de cette époque florissante. "En 1967, quand je suis arrivé ici, la vie était formidable. Maintenant on sent la différence car avant il avait des offres d’emplois affichées partout. Ca voulait dire que partout on recherchait du monde pour travailler", raconte amer Lionel.
Aujourd’hui, les pancartes ont disparues : la crise est passée par là. A New-York tout le monde a vécu l’effondrement de la bourse.
Les traders ont été les premiers à assister en direct à la naissance de la plus grande crise financière depuis 1929. Traders : la profession la plus détestée du moment, car ils accusés d’être à l’origine de la crise financière.
"Vous entendez que tout va bien… que nous sommes tirés d’affaires, que le marché va bien. Mais au bout du compte, il n’y a un seul chiffre qui compte, celui du chômage, et il ne cesse d’augmenter", prévient Alan Valdes, trader à la bourse de New-York.
Ravinda, lui, a bien faillit gonfler le nombre des demandeurs d’emplois. Il est salarié de Worksman Cycles, une petite entreprise familiale située dans le Queens. C’est la plus veille fabrique de vélos des Etats-Unis.
En un an, son patron a vu les commandes de sa société chuter de 25 %. "C’était la première fois que je travaillais seulement 35 heures par semaine. Cela ne m’était jamais arrivé avant : je travaillais toujours plus que ça…maintenant, je suis content que les choses redémarrent un petit peu. Je suis revenu à mes 40 heures de travail. Ma famille apprécie et je remercie Dieu pour ça", confie Ravinda en soupirant.
A quelques kilomètres, à Brooklyn, un autre quartier de New-York. Nous y retrouvons Amy. Cette maman a eu moins de chance. Depuis cet été, elle est au chômage. Amy travaillait dans la finance pour un sous traitant d’une banque. Ils ont été les premiers touchés. Elle gagnait 80 000 dollars par an. Amy vit seule avec sa fille…elle est épaulée par son père.
Mais en vraie new-yorkaise, au jardin d’enfant du quartier, Amy a un œil sur sa fille et un autre sur son prochain travail. Son projet est dans son ordinateur. Ca fait a peine 3 mois qu’elle n’a plus de travail et elle veut déjà monter sa boîte : des cours de secourisme à domicile.
"Oui, il y a des risques…c’est vrai que je pourrai toujours revenir à ce que je faisais avant et retrouver un job dans le secteur financier. Mais si vous ne prenez pas un peu de risque vous n’obtenez rien. Je vais prendre ce risque et voir ce que ça donne. Je pense que le jeu en vaut vraiment la chandelle ", explique Amy.
2010… l’année de tous les espoirs pour les new-yorkais.