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Le charter parti de Londres vers Kaboul pour rapatrier des clandestins afghans ne passera pas par la France, selon le député Etienne Pinte. Des manifestants s'étaient réunis devant l'aéroport de Lesquin pour empêcher les reconduites forcées.

REUTERS - Le vol programmé de Londres pour Kaboul pour rapatrier des clandestins afghans ne passera pas par la France ce mardi soir, a déclaré à Reuters le député UMP Etienne Pinte.

L'élu des Yvelines, très engagé sur les questions d'immigration, a expliqué tenir l'information du cabinet du ministre de l'Immigration, Eric Besson.
"Comme tous les mardis, un avion va partir de Londres mais il ne passera pas par la France", a expliqué le député qui a ajouté que la mobilisation des associations et de certains élus de droite comme de gauche avait pu avoir "une influence" sur le gouvernement français.
Selon des sources policières, un vol groupé franco-britannique était prévu mardi soir au départ de Londres. Il devait d'abord faire escale à Lille avant que le plan de sol soit changé pour Roissy.
En début de soirée, 200 personnes se sont réunies à l'aéroport de Lille-Lesquin pour manifester contre les "charters" vers l'Afghanistan.
A la mi-journée, Eric Besson a réaffirmé le principe de vols groupés, sans confirmer pour autant la tenue imminente d'un tel rapatriement.
"Je ne commenterai pas, je ne confirmerai pas, je n'infirmerai pas", a-t-il déclaré à la presse en marge de la convention organisée par l'UMP sur le grand emprunt.
Quand il y aura un vol groupé, "je le dirai et je l'expliquerai", a-t-il assuré, mais ce sera "a posteriori".
"Hallucinant" pour le PS
Il a rappelé que Nicolas Sarkozy avait approuvé le principe de retours forcés de migrants dans le cas où tous les recours en matière de droit d'asile auraient été épuisés.
"En même temps, nous avons dit qu'il ne pourrait y avoir de retour volontaire que si un certain nombre de conditions étaient réunies - condition de sécurité sur la destination d'accueil, condition de réinstallation", a souligné Eric Besson.
Des conditions de sécurité qui sont très loin d'être assurées, dénoncent les associations et le Parti socialiste.
"C'est absolument hallucinant que la terre des droits de l'Homme et la terre d'accueil renvoient dans la gueule du loup des hommes et des femmes qui fuient ceux que l'on combat par ailleurs sur leur territoire", a dit le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, après avoir été reçue par François Fillon.
Dans un communiqué intitulé "Un charter pour la guerre", SOS racisme s'insurge contre ce procédé. "Alors que la France se questionne sur l'opportunité d'envoyer de nouveaux contingents de militaires en Afghanistan au vu des risques encourus, il n'est pas acceptable que l'on n'hésite pas à y renvoyer des civils, venus chercher protection en Europe", y lit-on.
Début octobre, les associations de défense de sans-papiers et l'opposition avaient dénoncé un précédent projet de "charter" franco-britannique de migrants afghans.
Le gouvernement avait démenti toute organisation de vol à cette date, quelques jours après le démantèlement de la "jungle" de Calais, une zone où séjournaient des réfugiés en attente de passage clandestin vers le Royaume-Uni.