logo

L’album "L'Accident de chasse", des Américains Landis Blair et David Carlson, a remporté vendredi le Fauve d’or du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême au cours d’une édition organisée à huis clos en raison du Covid-19.

C’est à huis clos que le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême a dévoilé, vendredi 29 janvier, son palmarès annuel. Les grands gagnants ont été les Américains Landis Blair et David Carlson, qui ont remporté le Fauve d'or du meilleur album avec "L’Accident de chasse", un long roman graphique sur le Chicago du siècle dernier.

Le jury a rendu son verdict cinq mois avant une édition grand public du festival reportée à l'été [du 24 au 27 juin] et menacée de boycott par des auteurs mécontents.

Le prix spécial du jury a été attribué au Britannique Steven Appleby pour "Dragman", une super-héroïne derrière laquelle se cache un père de famille. Celui des lycéens a consacré "Peau d'homme", de Hubert et Zanzim, déjà couronné de multiples autres récompenses dans la BD, tandis que le prix révélation est revenu à Maurane Mazars pour "Tanz !".

Cette dernière était parmi les rares lauréats présents. "C'est assez effrayant de savoir qu'on se lance dans un métier précaire […]. C'est dur pour nous, auteurs, dans ce marché florissant, mais où les auteurs se paupérisent de plus en plus", a-t-elle dit.

Contexte difficile

Il faudra attendre l'édition grand public du Festival, prévue fin juin, pour la récompense la plus prestigieuse du Festival, le Grand Prix, remis à un auteur de BD pour l'ensemble de sa carrière.

Le 48e Festival a dû bouleverser son format et repousser son volet grand public à la fin juin, pour "s'adapter au contexte de la pandémie". Il pourrait se tenir entièrement en plein air si la crise sanitaire empêche toujours les rassemblements en intérieur, ce qui paraît vraisemblable.

L'initiative d'expositions d'œuvres de BD dans les gares SNCF a agacé le collectif Auteurs et autrices en action (AAA), qui réclame une plus grande part du chiffre d'affaires de la BD pour les auteurs. Il a déploré que le Festival et la SNCF "se refusent encore cette année même à rémunérer les autrices et auteurs dont elles exposent le travail".

Boycott des auteurs

Une tribune a été signée par près de 700 auteurs, dont certains étaient dans la sélection officielle, voire ont été primés, comme Zanzim et Maurane Mazars. Ils menacent d'un "boycott total du versant public du Festival d'Angoulême, en juin prochain, si aucun acte réel et concret n'est posé d'ici là, à l'endroit de notre statut professionnel, de notre représentation et d'un juste rééquilibrage de la chaîne du livre".

Parmi les auteurs de BD, "on est 50 % à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Moi je fais partie de ces auteurs-là. On essaie de tenir, mais à un moment, on lâche", a lancé Gabrielle Piquet, prix de l'audace avec "La Mécanique du sage".

La direction a répondu, dans une lettre ouverte, que pour permettre ces expositions, le Festival avait été contraint "d'investir, d'engager des budgets qu'il n'a pas ; en un mot, de s'endetter [faute de recettes]".

La BD souffre non pas de l'érosion des ventes, puisqu'elle a connu une nouvelle année de croissance en 2020, selon l'institut GfK, mais de la rémunération très faible pour les auteurs, sauf pour les plus connus.

Avec AFP