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La Turquie se défend de vouloir extrader des Ouïghours en Chine

Le chef de la diplomatie turque a assuré, mercredi, qu'Ankara ne comptait pas renvoyer des Ouïghours musulmans en Chine, alors que Pékin a récemment ratifié un traité d'extradition à l'encontre des membres de cette communauté réfugiés en Turquie.

La Turquie tente de rassurer. Le chef de la diplomatie turque a affirmé, mercredi 30 décembre, qu'Ankara n'allait pas renvoyer des Ouïghours musulmans en Chine, malgré la ratification unilatérale par Pékin d'un traité d'extradition qui inquiète les membres de cette communauté réfugiés en Turquie. "Il est incorrect de dire que (la ratification par Pékin) signifie que la Turquie va renvoyer les Ouïghours en Chine", a déclaré Mevlüt Cavusoglu lors d'un point presse avec des journalistes à Ankara. 

"Cela ne s'applique qu'à des personnes coupables (de crimes). Dans le passé, il y a eu des demandes pour le renvoi en Chine de Ouïghours se trouvant en Turquie. La Turquie n'a pas appliqué ces mesures", a ajouté le ministre des Affaires étrangères. 

Traité d’extradition 

Le parlement chinois a ratifié, le 26 décembre, un traité d'extradition signé en 2017 avec Ankara, un texte que Pékin veut notamment utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans soupçonnés de "terrorisme" et réfugiés en Turquie. 

Le parlement turc n'a pas ratifié ce texte, mais la mesure annoncée par Pékin a provoqué l'inquiétude parmi les dizaines de milliers de Ouïghours réfugiés en Turquie, notamment à Istanbul. 

La Turquie a des liens linguistiques et culturels avec les Ouïghours, des musulmans parlant une langue turcique. Ankara a ainsi longtemps été l'un des principaux défenseurs de leur cause sur la scène internationale, avant de mettre ses critiques en sourdine afin de ménager ses intérêts économiques. 

Des articles de presse ont même accusé la Turquie d'avoir déjà discrètement expulser des Ouïghours vers la Chine, notamment via des pays tiers. 

La Chine a engagé dans sa région du Xinjiang (nord-ouest) une politique de surveillance maximale des Ouïghours après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils. Pékin accuse la mouvance séparatiste et islamiste ouïghoure.  

Internement dans des camps 

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes, notamment ouïghoures, dans des "camps". Pékin parle de "centres de formation professionnelle". 

Nombre de Ouïghours réfugiés en Turquie sont sans nouvelles de leurs proches internés dans ces structures. 

Mercredi, une vingtaine de Ouïghours s'étaient rassemblés pour le neuvième jour consécutif devant le consulat chinois d'Istanbul pour demander des nouvelles de leurs parents. Inquiets, ils ont aussi appelé Ankara à ne pas ratifier le traité avec la Chine. 

"Nous sommes très préoccupés. Nous espérons que l'État (turc) n'approuvera pas cela", a ainsi déclaré à l'AFP Omer Faruh, un Ouïghour dont la mère et les enfants sont détenus en Chine. 

Avec AFP