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Covid-19 : face à une situation jugée "très grave", la Suède finit par conseiller le port du masque

La Suède a recommandé, pour la première fois, vendredi, le port du masque dans les transports publics. Un revirement de la stratégie atypique et controversée de Stockholm face au coronavirus. Le gouvernement a annoncé une nouvelle série de mesures destinées à lutter contre une deuxième vague très forte.

Le pays faisait figure de cavalier seul en Europe. Mais face à la flambée des cas, la Suède a recommandé pour la première fois, vendredi 18 décembre, le port du masque dans les transports publics. C'est un nouveau revirement de sa stratégie, considérée comme atypique et controversée face à la pandémie.

Si un confinement ou des fermetures complètes des bars, restaurants et magasins ne sont pas à l'ordre du jour, le Premier ministre Stefan Löfven a présenté une nouvelle série de mesures et de recommandations plus strictes face à une deuxième vague, qui a déjà emporté 2 000 vies dans ce pays d'un peu plus de 10 millions d'habitants.

"La situation continue malheureusement à être très grave", a constaté Stefan Löfven lors d'une conférence de presse. "Noël arrive (...) Peut-être que certains se trouvent des excuses pour considérer acceptable leur invitation à un vin chaud ou leur soirée de Noël en grand comité. C'est faux et c'est dangereux", a-t-il averti, en détaillant plusieurs mesures.

Quatre à table

Introduction de jauges de visiteurs dans les commerces et club de gyms, limitation des tablées à quatre personnes maximum dans les restaurants, contre huit jusqu'à présent, et — encore plus symboliquement — recommandation de porter le masque dans les transports publics, notamment aux heures de pointe, lorsque la distanciation est impossible.

La Suède ne recommandait jusqu'ici le port du masque nulle part, une position devenue très isolée en Europe et même dans le monde. "Nous ne pensons pas que cela aura un effet décisif, mais dans cette situation particulière cela aura un effet positif", a affirmé le patron de l'Autorité de santé publique Johan Carlsson. 

L'autorité, et en premier lieu son épidémiologiste en chef Anders Tegnell, arguait que l'efficacité du masque n'était pas démontrée, ou qu'il pourrait avoir des effets contre-productifs en donnant un faux sentiment de sécurité.

Autres mesures annoncées vendredi : la vente d'alcool sera interdite après 20 h au lieu de 22 h, et l'enseignement à distance dans les lycées prolongé jusqu'au 24 janvier.

L'option du confinement reste écartée

Avec 100 décès annoncés vendredi, le bilan de la deuxième vague a dépassé les 2 000 morts, portant le total à 7 993, dans un pays de 10,3 millions d'habitants. Si le nombre de morts par million d'habitants reste légèrement inférieur à certains pays européens ayant confiné, comme l'Italie, l'Espagne ou la France, il est cinq à dix fois supérieur aux autres pays nordiques (Norvège, Finlande, Danemark).

Jeudi 17 décembre, le roi de Suède lui-même avait relancé le débat sur "l'échec" de la stratégie suédoise, sans toutefois la viser explicitement. "Je crois que nous avons échoué", a affirmé Carl XVI Gustaf, dans une interview très remarquée à la télévision publique SVT.

Après la remontée des cas et des morts, le gouvernement avait déjà durci le ton mi-novembre, notamment en limitant les évènements publics à une jauge de huit personnes maximum. Chacun est depuis appelé à ne fréquenter que les membres de son foyer.

Contrairement à une idée répandue, le pays scandinave n'a jamais visé l'immunité collective. Mais ses responsables sanitaires ont longtemps estimé que le niveau élevé de contaminations au printemps lui permettrait sans doute de contenir plus facilement une résurgence de l'épidémie sur le long terme.

Une hypothèse qui pouvait s'appuyer sur un bon bilan estival, mais que la forte deuxième vague actuelle est venue remettre largement en question. Que restera-t-il de la stratégie suédoise ? Le Premier ministre a à nouveau écarté, vendredi, l'idée d'un confinement, qu'il considère "comme un fardeau" trop lourd à porter pour la population à long terme.

Avec AFP