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Boko Haram a diffusé jeudi une vidéo dans laquelle apparaissent des dizaines de jeunes garçons censés faire partie des lycéens enlevés dans la ville de Kankara. Dans un message de propagande, le chef du groupe jihadiste avait revendiqué mardi l'enlèvement de plusieurs centaines d'adolescents dans le nord-ouest du Nigeria.

Le groupe jihadiste nigérian Boko Haram a diffusé jeudi 17 décembre une vidéo dans laquelle on peut voir des dizaines de jeunes garçons, dont un explique qu'ils sont les centaines de lycéens de Kankara, dans le nord-ouest du Nigeria, enlevés dans leur lycée vendredi.

Le visage couvert de poussière et griffé, le jeune garçon explique faire partie de 520 élèves enlevés par "le gang de Shekau", du nom du chef historique de Boko Haram.

Des centaines de mineurs ont été enlevés vendredi soir par des hommes armés, surnommés "bandits" dans cette région du Nigeria et opérant pour le groupe jihadiste Boko Haram, dont la zone d'influence se trouve à des centaines de kilomètres plus à l'est.

Leur nombre exact restait flou, les autorités annonçant tantôt 333 élèves portés disparus, puis 400 jeudi matin. Dans cette video, Boko Haram affirme, par la voix de ce jeune garçon, qu'ils sont 520 entre leurs mains, et que certains d'entre eux ont été tués.

Les enfants apparaissent à bout de force, entassés dans une forêt, dans des conditions sanitaires très dégradées.

La vidéo, diffusée par les canaux traditionnels du groupe, est enregistrée pour une partie en anglais, puis en langue haoussa, parlée notamment dans le nord du Nigeria. Un homme se présentant comme Abubakar Shekau diffuse ensuite un message vocal dans lequel il affirme : "Voici mes hommes et ce sont vos enfants."

Des gangs agissant pour le compte de Boko Haram

Selon des informations de l'AFP, ce rapt de masse a été coordonné par le chef de gang Awwalun Daudawa en collaboration avec deux autres "bandits" renommés, Idi Minoriti et Dankarami, groupes armés qui terrorisent les populations dans le nord-ouest du Nigeria et perpètrent des enlèvements contre rançon et des vols de bétail.

Selon plusieurs témoignages de jeunes garçons qui ont réussi à s'échapper, les otages ont été divisés en plusieurs groupes, le soir même de leur enlèvement.

Selon une source sécuritaire proche du dossier, les lycéens qui apparaissent dans cette vidéo sont ceux détenus par Awwalun Daudawa, qui répond directement aux ordres de Boko Haram, et les autres pourraient être libérés à la suite des négociations engagées entre les ravisseurs et le gouvernement local.

Cette attaque, qui ranime le spectre de l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles à Chibok en 2014 est un terrible camouflet pour le président nigérian Muhammadu Buhari, originaire de l'État de Katsina où il fêtait jeudi ses 78 ans.

Le chef de l'État arrivé au pouvoir en 2015 avait fait de la lutte contre Boko Haram sa priorité. Boko Haram et sa branche dissidente, le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), actifs dans le nord-est du Nigeria, ont fait plus de 36 000 morts en dix ans de conflit et deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.

Avec AFP