logo

Sahara occidental : l'Algérie condamne des "manoeuvres étrangères" visant à la déstabiliser

L'annonce d'un engagement du Maroc à normaliser ses relations avec Israël et de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental a provoqué la colère d'Alger qui fustige des "manoeuvres étrangères" voulant "déstabiliser" le pays.

L'Algérie a dénoncé, samedi 12 décembre, des "manoeuvres étrangères" visant à la déstabiliser et pointé du doigt Israël, après la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en contrepartie d'une normalisation des relations du Maroc avec l'État hébreu.

"Il y a des manœuvres étrangères qui visent à déstabiliser l'Algérie. Il y a maintenant une volonté de 'l'entité sioniste' (NDRL : Israël) de se rapprocher de nos frontières", a accusé le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, dans la première réaction de son pays à la décision américaine.

L'annonce surprise jeudi du président sortant, Donald Trump, de reconnaître la souveraineté marocaine sur l'ancienne colonie espagnole disputée, en échange de l'engagement de Rabat à normaliser ses relations avec Israël, a été aussitôt rejetée par les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l'Algérie.

Une décision "sans effet juridique"

"Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international", a réaffirmé samedi, dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères, soulignant que la décision américaine était "sans effet juridique".

Le Polisario se dit "en état de guerre de légitime défense" depuis que le Maroc a envoyé le 13 novembre des troupes à l'extrême sud du territoire pour chasser un groupe de militants indépendantistes sahraouis qui bloquait la seule route vers la Mauritanie. Cette route a été construite en violation de l'accord de cessez-le-feu de 1991 signé sous l'égide de l'ONU après 15 ans de combat, selon le Polisario qui n'a pas exclu "l'extension des batailles au territoire marocain".

La question du statut du Sahara occidental, toujours considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis.

"L'armée israélienne est à nos frontières"

Le Polisario, réclame un référendum d'autodétermination, prévu par l'ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers de ce vaste territoire désertique, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Les négociations menées par l'ONU et impliquant le Maroc et le Polisario avec l'Algérie et la Mauritanie en tant qu'observateurs sont suspendues depuis mars 2019.   

"Le rapprochement entre le Maroc et Israël ouvre la voie, si ce n'est déjà fait, à une aide israélienne au profit de l'armée marocaine dans de nombreux domaines, dont certains particulièrement dangereux : surveillance électronique, surveillance du ciel, drones, espionnage, manipulation de l'Internet", estime le journaliste et analyste algérien Abed Charef. "Il est désormais évident que l'armée israélienne est à nos frontières", observe-t-il.

Depuis son indépendance, l'Algérie a pris fait et cause pour "le droit des peuples à l'autodétermination", en particulier celui des Sahraouis et des Palestiniens, dont elle est un des soutiens les plus vocaux.

Avec AFP