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Macron ne veut pas conditionner aux droits de l'homme la coopération avec l'Égypte

Le président français Emmanuel Macron a reçu lundi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, partenaire stratégique de la France, pour faire le point sur plusieurs crises régionales, dont la Libye. Les deux chefs d'État se sont exprimés à l'issue de leur entretien bilatéral.

La France ne conditionnera pas aux droits de l'homme sa coopération en matière de défense avec l'Égypte, estimant qu'une telle politique affaiblirait Le Caire dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré, lundi 7 décembre, Emmanuel Macron.

"Je ne conditionnerai pas notre coopération en matière de défense comme en matière économique à ces désaccords", a dit le président français lors d'un point de presse avec son homologue égyptien Abdel Fattah al Sissi, en visite à Paris.

"Contre-productif dans la lutte contre le terrorisme"

"Il est plus efficace d'avoir une politique de dialogue exigeant qu'une politique de boycott qui viendrait réduire l'efficacité d'un de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité régionale", a-t-il ajouté. "Ce serait inefficace sur le sujet des droits de l'homme et contre-productif dans la lutte contre le terrorisme."

"J'ai eu l'occasion d'évoquer, comme on le fait entre amis, en confiance et toute franchise, la question des droits de l'homme", a précisé Emmanuel Macron. "Je reste l'avocat constant d'une ouverture démocratique, sociale et de la reconnaissance d'une société civile dynamique et active car je crois que c'est aussi un formidable rempart contre toutes les formes d'activisme."

En novembre, le gouvernement français a critiqué l'arrestation de membres d'une organisation de défense des droits de l'homme, l'Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), qui avaient organisé un briefing avec des diplomates. Trois d'entre eux ont été libérés avant la visite de Sissi en France. "Nous avons pu évoquer plusieurs autres cas individuels", a également dit Emmanuel Macron, dont celui de l'égypto-palestinien Ramy Shaath, a-t-il précisé. Ramy Shaath est l'une des figures du Printemps arabe de 2011, en détention "préventive" depuis son arrestation le 5 juillet 2019.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est arrivé dimanche à Paris pour une visite d'État de trois jours destinée à renforcer la coopération franco-égyptienne face aux crises du Moyen-Orient. Mais pour les défenseurs des droits humains, Emmanuel Macron déroule "tapis rouge à un dictateur", l'Égypte comptant plus de 60 000 détenus d'opinion selon les ONG. Ces accusations sont rejetées à l'Elysée où l'on défend une politique consistant à ne pas critiquer ouvertement les pays sur les droits de l'homme afin d'être plus efficaces en privé, au cas par cas.

Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée en 2013 et l'arrivée au pouvoir l'année suivante d'Abdel Fattah al-Sissi, une répression croissante s'est abattue sur toute forme d'opposition, islamiste ou libérale. 

Avec Reuters et AFP