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Match de football hautement symbolique entre la Turquie et l'Arménie

Alors que les deux frères ennemis ont signé samedi, en Suisse, un accord historique de réconciliation, leurs sélections nationales s'affrontent ce soir lors d'un match de qualifications - sans enjeu - pour le Mondial-2010, à Bursa, en Turquie.

AFP - Les présidents turc et arménien doivent assister mercredi en Turquie à un match de football des équipes nationales, un événement hautement symbolique qui consacre une ère nouvelle entre les deux pays voisins, après la signature d'accords historiques de réconciliation.

Des mesures de sécurité draconiennes seront prises à Bursa (ouest) à l'occasion de cette rencontre de qualification, sans enjeu pour les deux pays, ceux-ci n'ayant plus aucun espoir d'aller au Mondial 2010.

Le président arménien Serge Sarkissian a accepté l'invitation de son homologue Abdullah Gül à effectuer une courte visite en Turquie, les liens bilatéraux étant chargés par un passé commun douloureux concernant les massacres d'Arméniens sous l'empire ottoman (1915-1917), qui constituent un "génocide" pour Erevan, ce qu'Ankara rejette.

M. Sarkissian ne sera pas le premier chef d'Etat arménien à se déplacer en Turquie, un de ses prédécesseurs, Robert Kotcharian était venu notamment en 1999 à Istanbul pour un sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), mais il est le premier à le faire pour des raisons bilatérales.

"Si rien d'extraordinaire ne se passe d'ici deux jours, j'irai à Bursa et soutiendrai mon équipe bien-aimée", a déclaré lundi M. Sarkissian, deux jours après la signature par les deux pays à Zurich (Suisse), d'accords devant permettre l'établissement de relations diplomatiques et la réouverture de la frontière commune.

Le déplacement du président arménien répondra à une visite de M. Gül à Erevan en septembre 2008 pour le match aller, remporté 2 à 0 par les Turcs.

Lors d'une discours mardi au Parlement, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé Bursa à faire la preuve de "l'hospitalité turque" aux visiteurs arméniens, sans céder à d'éventuelles "provocations".

"Notre président a été reçu avec hospitalité à Erevan (...) Nous allons et nous devons faire de même ici au président Sarkissian et à l'équipe arménienne", a-t-il dit.

M. Gül a reçu la semaine dernière les autorités locales, des représentants de la société civile et d'associations de supporters de Bursa, leur demandant de faire preuve d'"hospitalité" envers l'équipe arménienne.

Bursa, grande ville située à environ 400 km à l'ouest d'Ankara, sera sur les dents pour cette rencontre dont le coup d'envoi sera donné à 18H00 GMT.

Le président de l'UEFA, Michel Platini, doit aussi assister à la rencontre, a annoncé la fédération turque de football.

3.000 policiers seront déployés pour empêcher tout débordement, a annoncé le gouverneur Sahabettin Harput.

Les spectateurs seront minutieusement fouillés et aucune banderole hostile à l'Arménie ne sera autorisée dans les gradins.

Une association de soutien à l'Azerbaïdjan a distribué des milliers de drapeaux azéris dans la ville et des supporteurs envisageaient, selon les médias, de les déployer dans le stade pour protester contre le soutien apporté par Erevan aux séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh, enclave en territoire azerbaïdjanais contrôlée par les Arméniens depuis une guerre dans les années 90.

Cette dispute est à l'origine de la fermeture par les Turcs de la frontière avec l'Arménie en 1993 en soutien à l'Azerbaïdjan, l'allié musulman et turcophone.

Les deux présidents doivent assister au terme du match à une réception dans à Bursa puis le le président arménien quittera la ville. Ils doivent aussi s'entretenir et s'adresser à la presse avant le match, a-t-on indiqué de source présidentielle turque.

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