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Au moins trois personnes ont été tuées samedi à Lima, lors d'une nouvelle journée de manifestations, réprimées par la police, contre l'accession récente à la présidence de Manuel Merino, dont le chef du Congrès péruvien a réclamé la "démission immédiate".

Moins d'une semaine après la destitution du président Martin Vizcarra, des nouvelles manifestations ont éclaté samedi 14 novembre à Lima, contre l'arrivé à la présidence de son remplaçant, Manuel Merino. Au moins trois personnes sont décédées dans les rassemblements, durement réprimés par la police.

Des milliers de manifestants, pour la plupart des jeunes de moins de 25 ans, étaient de nouveau descendus dans la rue samedi, dans différentes villes du pays, pour exiger la démission de Manuel Merino, jusque-là à la tête du Parlement péruvien, et rejeter ce qu'ils considèrent comme un coup d'État parlementaire.

Le Parlement péruvien avait voté lundi 9 novembre la destitution du président Martin Vizcarra, qui jouit d'une grande popularité, pour "incapacité morale". Le chef de l'État est accusé d'avoir reçu des pots-de-vin alors qu'il était gouverneur en 2014, ce qu'il dément.

Mais son éviction et l'accession à la présidence par intérim de Manuel Merino, ingénieur agronome de centre-droit de 59 ans, ont entraîné depuis mardi 10 novembre des manifestations à travers le pays.

La plus grande marche a réuni samedi à Lima des milliers de personnes, qui ont convergé vers la place San Martin. La police a de nouveau fait usage de gaz lacrymogène, également lancé par hélicoptères, pour disperser des manifestants qui menaçaient de marcher sur le siège du Parlement.

Le Congrès débattra de la démission du président par intérim

Les jeunes portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Merino, tu n'es pas mon président", "Merino imposteur", "le Pérou s'est réveillé". Un groupe s'est approché de la maison de ce dernier, à l'est de Lima, pour manifester au son des casseroles et tambours.

Réagissant à la répression violente des manifestations, le nouveau chef du Congrès a demandé la démission du nouveau président – tous les deux entrés en fonction mardi 10. "Je demande à [Manuel] Merino d'envisager sa démission immédiate", a déclaré Luis Valdez, à la chaîne de télévision N.

Les députés devaient tenir une réunion extraordinaire dimanche pour débattre de la démission du président par intérim, a annoncé un communiqué sur le compte Twitter du Congrès.

Le maire de Lima, Jorge Muñoz, a lui aussi exigé la démission du président… bien qu'il appartienne au même parti que Manuel Merino, Action Populaire.

Usage indiscriminé de la force par la police

Le décès d'un manifestant de 25 ans a été annoncé par le fonctionnaire Alberto Huerta, du bureau du Défenseur du peuple, entité publique chargée de veiller au respect des droits de l'Homme au Pérou.

Son corps était arrivé à l'hôpital Almenara, a-t-il précisé, ajoutant que "la victime avait des blessures par plomb de chasse au visage et au cuir chevelu, selon le médecin". Selon le ministère de la Santé, au moins 63 manifestants ont en outre été blessés. Le Défenseur du peuple a dénoncé un usage indiscriminé de la force par la police.

Un peu plus tard, l'archevêque de Lima, Carlos Castillo, a condamné la répression policière en annonçant à la télévision publique qu'il venait d'apprendre qu'il y avait "un troisième mort". Le président de la Conférence épiscopale a également exhorté le gouvernement à dialoguer et à respecter le droit à manifester.

Démissions en série de ministres

Sept des 18 ministres de Manuel Merino ont annoncé leur démission samedi soir après la répression policière, dont celui de la Santé, Abel Salinas, selon les médias locaux.

Le Premier ministre, Antero Flores Araoz, conservateur de 78 ans, avait exclu plus tôt que le président se retire sous la pression des manifestations. Mais cette éventualité semblait se préciser dimanche.

Le nouveau président, qui a gardé le mutisme depuis samedi, était injoignable dimanche matin. "Je l'appelle sans succès, je ne sais absolument pas s'il a démissionné", a déclaré le Premier ministre à la radio RPP.

L'aéroport international de Lima était fermé en raison du couvre-feu nocturne.

Vers 2 h dimanche 15 novembre (7 h GMT), le gouvernement a publié une photo de Manuel Merino réuni avec son cabinet, mais certains ont estimé qu'il s'agit d'une photo ancienne, puisqu'elle montre le ministre de la Santé qui avait démissionné quelques heures auparavant.

Avec AFP