Au lendemain de l'attentat qui a frappé la ville de Nice, l'enquête avance et l'identité de l'agresseur se précise. Voici ce que l'on sait, vendredi, sur cette attaque au couteau qui a fait trois morts.
Trois personnes ont été tuées, jeudi 29 octobre, dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice. L'agresseur est un jeune Tunisien débarqué récemment en Europe.
Voici ce que l'on sait :
- Que s'est-il passé ?
À 8 h 29, l'auteur des faits "entre dans la basilique et y reste un peu moins d'une demi-heure, période durant laquelle il s'attaque à trois victimes", a relaté le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard, lors d'une conférence de presse, jeudi soir.
À 8 h 54, l'une des victimes, une Brésilienne, succombe à ses blessures après s'être enfuie. Alertée par un témoin, la police municipale intervient et se retrouve face au tueur.
"Cet homme s'était avancé vers eux de manière menaçante en criant 'Allah Akbar', les contraignant alors à faire usage d'abord d'un pistolet à impulsions électriques puis en faisant feu à plusieurs reprises avec leur arme de service", a rapporté Jean-François Ricard. Le suspect, grièvement blessé, est transporté à l'hôpital Pasteur.
- Qui sont les victimes ?
La première victime, trouvée près de l'entrée principale, "est âgée de 60 ans, elle présente un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation", a rapporté le procureur.
L'assaillant a ensuite égorgé mortellement le sacristain. Vincent Loquès, qui aurait eu 55 ans vendredi, était père de deux filles.
La troisième victime est "une Brésilienne de 44 ans, Simone Barreto Silva, mère de trois enfants et résidant en France" selon le ministère brésilien des Affaires étrangères.
- Qui est l'agresseur ?
L'auteur présumé de l'attaque, un Tunisien âgé de 21 ans, a été identifié par un document de la Croix-Rouge italienne.
Selon le procureur antiterroriste français et une source au ministère de l'Intérieur italien, il est arrivé clandestinement en Europe par l'île italienne de Lampedusa le 20 septembre dernier. Il aurait débarqué sur le continent, à Bari, dans le sud de l'Italie, le 9 octobre, a expliqué Jean-François Ricard. Il aurait à ce moment-là reçu un ordre de quitter le territoire italien dans les sept jours, selon la source italienne.
La justice tunisienne, qui a également ouvert une enquête, a indiqué qu'il avait des antécédents judiciaires de droit commun, de violence et de drogue.
Selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, l'agresseur n'a pas fait de demande de carte de séjour ni de carte de résident en France. Il est par ailleurs "inconnu au fichier national des empreintes digitales" et "inconnu des services de renseignements", selon Jean-François Ricard.
Issu d'une famille nombreuse et modeste de Sfax (centre de la Tunisie), le jeune homme, réparateur de motos selon sa mère, faisait la prière depuis deux ans et demi. "Il ne sortait pas et ne communiquait pas avec les autres", a-t-elle dit à l'AFP.
- Où en est l'enquête ?
Le parquet antiterroriste français a ouvert une enquête pour "assassinats et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", coordonnée par la Sous-direction antiterroriste (Sdat).
Sur place, les enquêteurs ont trouvé l'arme du crime, un couteau avec une lame de 17 cm, selon Jean-François Ricard.
Un sac d'effets personnels, un Coran et deux téléphones, ainsi que deux couteaux non utilisés ont également été découverts, a-t-il ajouté. Ces deux téléphones sont en cours d'exploitation.
"Ses motivations profondes, le mûrissement éventuel de son projet nous sont encore inconnus", a indiqué à l'AFP une autre source proche de l'enquête vendredi.
Jeudi, un homme de 47 ans, soupçonné d'avoir été en contact avec l'assaillant a été placé en garde à vue, a-t-on appris vendredi de source judiciaire, mais "il n'aurait pas de lien avec l'attaque", a ensuite indiqué une source proche de l'enquête.
Un deuxième homme au contact de l'auteur de l'attaque a été interpellé et placé en garde à vue vendredi, a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information de France Info.
Âgé de 35 ans, l'homme est soupçonné "d'avoir côtoyé l'auteur des faits la veille de l'attaque, comme le premier" suspect. Il a été interpellé entre 18 h et 19 h à Nice, selon la source judiciaire et une source proche de l'enquête.
Avec AFP