
En Afghanistan, le temps des pourparlers de paix est venu. Des négociations de paix historiques ont débuté le 12 septembre à Doha, au Qatar, entre représentants politiques et Taliban. Objectif : mettre un terme au conflit qui dure depuis 19 ans, lorsque les Taliban ont été chassés du pouvoir par la coalition internationale. Mais en préalable aux pourparlers, les Taliban ont exigé la libération de quelque 5 000 des leurs. Nos reporters en Afghanistan ont rencontré en exclusivité ces combattants amnistiés, alors qu’une large frange de la population afghane redoute de nouvelles violences.
Les Taliban amnistiés que nous avons rencontrés dans ce reportage tourné en Afghanistan ont passé plusieurs années à combattre avant d’être arrêtés et emprisonnés. Aujourd'hui et plus que jamais, ils tiennent un discours sans concession. Leur séjour en prison n’a fait que renforcer leur adhésion au mouvement taliban sur le plan idéologique et politique. Ils rejettent catégoriquement le gouvernement afghan, qu’ils considèrent comme une marionnette, aux mains des États-Unis. Tout comme le mode de vie moderne, qui s’est développé dans le pays et notamment à Kaboul, et qui est, selon eux, contraire aux préceptes de l’islam.
A l’opposé, nous avons rencontré une société civile qui se sent écartée du processus de paix. Des défenseurs des droits de l’homme, des organisations de victimes du conflit, qui veulent être entendus et qui se sentent mis à l’écart, alors qu’ils sont les premières victimes de la guerre...
Les femmes redoutent un retour en arrière dramatique après près de vingt ans de progrès pour leur condition. Elles ne sont pas dans le déni, pour autant, quant aux disparités entre zones rurales et zones urbaines. Dans les provinces, la vie des femmes a peu changé ces dernières années, et c’est certainement l’un des échecs majeurs du gouvernement de Kaboul.
Toutes les parties que nous avons rencontrées ont souhaité communiquer sur leur position et sur leur ressenti. C’est le cas de cette société civile, qui veut être entendue sur ses attentes et ses exigences, comme celle de la justice. Mais c’est aussi le cas des Taliban, qui expriment clairement leur volonté de vivre dans un pays régi par la charia, la loi islamique.
Au final, l’Afghanistan reste profondément divisé sur des questions essentielles. Les négociations de paix qui se tiennent actuellement à Doha, au Qatar, s’annoncent donc difficiles, tant les deux projets de société semblent irréconciliables.